Indigènes ou introduits?
Les organismes présents naturellement au Canada d’après les archives historiques sont considérés comme natifs ou indigènes. Certains organismes indigènes communs et répandus causent des dommages aux arbres au cours de leur cycle de vie. Il s’agit notamment de la tordeuse des bourgeons de l’épinette, de la livrée des forêts, du dendroctone du pin ponderosa et du faux-gui du pin tordu latifolié. Bien que ces espèces indigènes comptent parmi les ravageurs les plus nuisibles, elles jouent également des rôles importants dans l’écologie et le renouvellement des forêts. Ces espèces coexistent avec divers ennemis naturels, notamment des oiseaux migrateurs, des parasites et parasitoïdes spécifiques ainsi que des agents pathogènes. Ces ennemis naturels contribuent à maintenir la densité de ravageurs à un niveau plus faible qu’il ne le serait autrement. Même si ces ravageurs indigènes font partie de la biodiversité des forêts, des populations excessives peuvent susciter des inquiétudes dans l’industrie forestière et parmi les personnes qui utilisent des arbres ou des forêts pour diverses raisons. En réponse, les organismes de lutte contre les ravageurs ou les aménagistes forestiers peuvent intervenir pour réduire le nombre de ravageurs et maintenir les dommages à des niveaux tolérables.
En comparaison, de nombreux ravageurs forestiers non indigènes au Canada ont été introduits par inadvertance par le biais des routes commerciales, dans des plants de pépinières, des produits du bois contaminés ou des matériaux d’emballage infestés. Au cours du 20e siècle, la plupart des ravageurs introduits (par exemple, le papillon satiné, le puceron lanigère du sapin et la maladie hollandaise de l’orme) provenaient d’Europe ou des États-Unis, avec lesquels les échanges commerciaux étaient les plus fréquents et où le climat était comparable à celui du Canada. L’expansion rapide du commerce mondial au cours des dernières décennies a accru la menace que représentent les espèces introduites, notamment le longicorne asiatique, l’agrile du frêne et le puceron lanigère de la pruche, qui ont récemment envahi certaines parties du Canada en provenance de régions d’Asie comparables sur le plan climatique et botanique.
Les insectes et les agents pathogènes introduits, qui pénètrent généralement au Canada par le biais des routes commerciales et des marchandises, sont souvent remarqués pour la première fois dans les zones urbaines et semi-rurales, où les perturbations et les espèces d’arbres non indigènes sont courantes. Contrairement aux insectes et aux agents pathogènes indigènes qui ne sont généralement préoccupants que lorsque les populations augmentent de façon spectaculaire (infestations ou pullulations), les espèces introduites présentent un risque important du seul fait de leur présence. Les espèces introduites font l’objet d’une approche basée sur le risque, étant donné la difficulté de prédire la distance à laquelle elles pourraient se propager et les arbres qu’elles pourraient attaquer. Par conséquent, les autorités privilégient une gestion préventive des espèces introduites : évaluation des risques de dommages potentiels, imposition de quarantaines et inspections des marchandises entrantes, surveillance rigoureuse et, si possible, éradication des espèces récemment introduites afin d’empêcher leur établissement et leur propagation.