Tordeuse à tête noire de l'épinette
- Nom commun anglais : Eastern blackheaded budworm
- Nom scientifique : Acleris variana (Fernald)
- Règne : Animalia
- Embranchement : Arthropoda
- Classe : Insecta
- Ordre : Lepidoptera
- Famille : Tortricidae
-
Liste partielle des synonymes :
- Peronea variana Fernald
Renseignements généraux et importance
La tordeuse à tête noire de l’épinette est un défoliateur indigène des forêts canadiennes d'épinettes et de sapins, à l'est des montagnes Rocheuses jusqu'à Terre-Neuve et Labrador. Jusqu'aux années 1970, elle était considérée comme une seule espèce transcontinentale, dont la préférence d'hôte variait du sapin baumier (Abies balsamea) à l'est à la pruche de l’Ouest (Tsuga heterophylla) à l'ouest. Les populations de l’ouest sont désormais considérées comme une espèce distincte (tordeuse à tête noire de l’Ouest, Acleris gloverana), bien qu'aucune différence génomique définitive n'ait été démontrée. Le nom de l'espèce, variana, fait référence à la grande variabilité des couleurs de la tordeuse adulte.
Bien que la tordeuse à tête noire de l'épinette soit commune dans toute son aire de répartition, d'importantes infestations se produisent dans les forêts maritimes humides des provinces atlantiques du Canada, en particulier là où le sapin baumier est dominant. La première infestation a été documentée à la fin des années 1920 en Nouvelle-Écosse. Depuis lors, des infestations se sont produites à des intervalles de 10 à 15 ans. Une défoliation importante ne dure généralement pas plus de deux ans. Les infestations de tordeuse à tête noire de l’épinette sont souvent concomitantes avec des infestations de tordeuse des bourgeons de l'épinette (Choristoneura fumiferana), de puceron lanigère du sapin (Adelges piceae) ou d'arpenteuse de la pruche (Lambdina fiscellaria). Ces infestations se produisent toutes dans les mêmes peuplements, ce qui rend difficile la caractérisation des dommages causés uniquement par la tordeuse à tête noire de l'épinette.
Aire de répartition et hôtes
Cet insecte est présent dans toutes les forêts d'épinettes et de sapins du Canada à l'est des montagnes Rocheuses, ainsi que dans les forêts similaires du nord-est des États-Unis. Les hôtes principaux sont le sapin baumier et l'épinette blanche (Picea glauca). Le sapin baumier est l'hôte le plus commun à l'est des Grands Lacs, et l'épinette blanche à l'ouest des Grands Lacs jusqu'aux Montagnes Rocheuses. L'épinette rouge (P. rubens), l'épinette noire (P. mariana), le mélèze (Larix) et la pruche du Canada (T. canadensis) peuvent également être des hôtes de la tordeuse à tête noire de l’épinette.
Parties de l'arbre affectées
Symptômes et signes
Les œufs ovales sont pondus individuellement sur la face inférieure des aiguilles. Les femelles attachent une touffe d'écailles de leur abdomen sur les œufs. Les larves nouvellement écloses mesurent 1 millimètre de long et sont de couleur vert pâle, avec une tête brun foncé ou noire. Les larves adultes mesurent de 11 à 15 millimètres de long et sont d'un vert uniforme, semblable à la couleur des aiguilles de sapin baumier. La couleur des capsules de la tête varie du rougeâtre au brun foncé et au noir. Les adultes sont des papillons de taille moyenne dont l'envergure varie de 7,5 à 9,1 millimètres. Comme leur nom scientifique l'indique, les couleurs peuvent être extrêmement variables. Ils vont d'une simple couleur de base grise avec une bande médiane de couleur claire à une couleur de base ocre avec des bandes et des marques tachetées.
La défoliation apparaît soudainement. La première preuve des dommages est une teinte rouge sur les parties extérieures des branches dans les couronnes supérieures des arbres hôtes. Cela est dû aux aiguilles mortes que les larves ont détachées pour construire des abris pour se nourrir. Ces symptômes sont plus prononcés sur le sapin baumier que sur l'épinette.
Cycle de vie
La tordeuse à tête noire de l’épinette produit une génération par année. Les œufs sont pondus individuellement sur la face inférieure des aiguilles, à l'extrémité des branches, dans la partie supérieure de la couronne des arbres, de la fin de l'été au début de l'automne. Les femelles recouvrent leurs œufs d'une touffe d'écailles provenant de leur abdomen. L'insecte passe l'hiver au stade d'œuf. Les œufs éclosent en mai ou début juin et les larves percent les bourgeons frais. La disponibilité d'un feuillage adéquat est essentielle à la survie de l'insecte au cours de ces premiers stades. Au fur et à mesure que les pousses débourrent, les tordeuses mâchent les aiguilles à la base et les assemblent avec de la soie pour former un abri compressé pour se nourrir. Vers la fin de la période d'alimentation, les larves se nourrissent plus ouvertement. Lorsque les densités sont élevées, les larves peuvent se nourrir des aiguilles des années précédentes, en particulier sur le sapin baumier. Les pupes sont formées dans le dernier abri de nutrition à la fin du mois d'août et les adultes émergent tout au long du mois de septembre. Les femelles émettent une phéromone sexuelle pour attirer les mâles.
Les papillons volent activement et peuvent se disperser sur de longues distances. La dispersion des papillons loin des peuplements endommagés contribue à la courte durée des infestations.
De nombreuses espèces d'ennemis naturels indigènes s'attaquent à la tordeuse à tête noire de l’épinette, notamment des parasitoïdes d'insectes et des prédateurs généralistes, tels que les fourmis et les oiseaux chanteurs migrateurs. Les données disponibles suggèrent que les cycles d’infestation sont le résultat des actions retardées et combinées de ces ennemis naturels. Ces actions augmentent avec les populations de tordeuses à tête noire de l’épinette mais sont décalées dans le temps. La fréquence plus élevée des infestations au Canada atlantique serait due aux conditions météorologiques variables qui caractérisent cette région.
Dommages
La mortalité des arbres n'est pas courante, sauf si la défoliation grave dure plus de deux ans ou si elle est exacerbée par la présence simultanée d'autres défoliateurs, comme la tordeuse des bourgeons de l'épinette. Contrairement à la tordeuse à tête noire de l’Ouest, la tordeuse à tête noire de l’épinette ne cause pas de dommages importants aux peuplements juvéniles. Les infestations se limitent aux peuplements forestiers matures, où l'on peut observer une certaine destruction de la cime des arbres et une réduction temporaire des taux de croissance.
Prévention et répression
Les stratégies de répression d’un ravageur particulier varient suivant plusieurs facteurs, notamment :
- le niveau de la population du ravageur (c'est-à-dire le nombre de ravageurs présents sur l'hôte ou les hôtes affectés);
- les dommages prévus ou toute autre conséquence négative résultant de l'activité du ravageur sur l'hôte, les biens ou l'environnement;
- la compréhension du cycle de vie du ravageur, de ses divers stades de développement, de même que des divers agents biotiques et non biotiques qui affectent les niveaux de ses populations;
- le nombre de spécimens hôtes individuels touchés (un seul arbre hôte, un petit groupe d’arbres hôtes, une plantation, une forêt);
- la valeur attribuée à l'hôte ou aux hôtes compte tenu des coûts rattachés aux approches de lutte contre le ravageur;
- la prise en considération des diverses approches de lutte de nature sylvicole, mécanique, chimique, biologique et naturelle, de même que de les avantages et désavantages de chacune.
L’acquisition d’information sur chacun de ses facteurs est nécessaire aux prises de décisions relatives à l’application de l’une ou l’autre des stratégies de lutte contre un ravageur. Ces facteurs devront être soigneusement mis en balance par rapport aux coûts et avantages avant qu'on entreprenne toute action contre un ravageur particulier.
Les méthodes d'échantillonnage pour surveiller les populations de tordeuses à tête noire de l'épinette comprennent l'échantillonnage pour estimer les densités d'œufs et les phéromones pour surveiller les papillons. La brève période de défoliation rend l'application de pesticides à grande échelle difficile à cibler et les faibles taux de mortalité dans les peuplements matures rendent généralement ces applications inutiles.
Les insecticides et les phéromones sont définis comme des produits antiparasitaires et sont réglementés au Canada. Les produits homologués pour être utilisés contre la tordeuse à tête noire de l’épinette dans des situations particulières peuvent changer d'une année à l'autre. Ainsi, pour connaître les produits actuellement homologués et pour obtenir des renseignements quant à leur usage contre ce ravageur, veuillez consultez la base de données Information sur les produits antiparasitaires de Santé Canada. Tout produit homologué devrait être appliqué en fonction de la taille de la population et seulement lorsque nécessaire et au stade de vie indiqué. Il est recommandé également de consulter un professionnel local en arboriculture. Les pesticides peuvent être toxiques pour les humains, les animaux, les oiseaux, les poissons et d’autres insectes utiles. Veuillez, par conséquent, appliquer les produits homologués uniquement en cas de besoin et conformément aux indications inscrites sur l’étiquette du fabricant. Dans certaines juridictions et dans certaines situations, seul un professionnel autorisé peut appliquer des pesticides. Il est recommandé de consulter les autorités locales compétentes pour déterminer les réglementations locales en vigueur.
Photos
Larve mature de la tordeuse à tête noire de l'épinette dans son abri de soie sur une pousse d'épinette blanche. Les aiguilles partiellement consommées deviennent brun rougeâtre en séchant.
Thérèse Arcand
Papillon adulte de la tordeuse à tête noire de l'épinette, épinglé avec les ailes déployées. Notez la variation de couleur et de motif des ailes sur cette photo et sur les photos d'autres papillons adultes, au repos ou épinglés.
Thérèse Arcand
Papillon adulte de la tordeuse à tête noire de l'épinette, épinglé avec les ailes déployées. Notez la variation de couleur et de motif des ailes sur cette photo et sur les photos d'autres papillons adultes, au repos ou épinglés.
Thérèse Arcand
Papillon adulte de la tordeuse à tête noire de l'épinette, épinglé avec les ailes déployées. Notez la variation de couleur et de motif des ailes sur cette photo et sur les photos d'autres papillons adultes, au repos ou épinglés.
Thérèse Arcand
Papillon adulte de la tordeuse à tête noire de l'épinette, épinglé avec les ailes déployées. Notez la variation de couleur et de motif des ailes sur cette photo et sur les photos d'autres papillons adultes, au repos ou épinglés.
Thérèse Arcand
Pupe de la tordeuse à tête noire de l'épinette attachée avec de la soie à plusieurs aiguilles de sapin baumier.
Thérèse Arcand
Pupe de la tordeuse à tête noire de l'épinette retirée de son dernier abri d'alimentation sur une aiguille de sapin baumier. Notez les excréments abondants du dernier stade larvaire dans et autour du dernier abri d'alimentation.
Thérèse Arcand
Papillon adulte de la tordeuse à tête noire de l'épinette, au repos. Notez la variation de couleur et de motif des ailes sur cette photo et sur les photos d'autres papillons adultes, au repos ou épinglés.
Thérèse Arcand
Papillon adulte de la tordeuse à tête noire de l'épinette au repos sur l’épinette blanche. Notez la variation de couleur et de motif des ailes sur cette photo et sur les photos d'autres papillons adultes, au repos ou épinglés.
Thérèse Arcand
Références sélectionnées
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Miller, C.A. 1966. The black-headed budworm in eastern Canada. The Canadian Entomologist, 98(6), 592-613. https://doi.org/10.4039/Ent98592-6
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