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Diprion de la pruche

Renseignements généraux et importance

Le diprion de la pruche est un ravageur forestier indigène d’Amérique du Nord, à l’ouest des montagnes Rocheuses. Il est surtout présent dans les forêts côtières du Pacifique, allant de l’Oregon à la Colombie-Britannique et au sud-est de l’Alaska, ainsi que dans les forêts intérieures humides situées du côté de la ligne continentale de partage des eaux exposé au vent en Colombie-Britannique, en Idaho et au Montana. Les populations de l’insecte ont atteint des niveaux dommageables à plusieurs occasions, particulièrement dans les régions nord de son aire de répartition côtière. La défoliation provoquée par l’insecte peut être prononcée tant chez les jeunes pruches (Tsuga) que chez les pruches matures. L’augmentation des populations de diprion de la pruche coïncide souvent avec les infestations de tordeuse à tête noire de l’Ouest (Acleris gloverana). Dans de tels cas, les dommages aux arbres sont amplifiés.

La dénomination commune des diprions, soit « mouches à scie », fait référence à l’ovipositeur en forme de scie que la femelle adulte utilise pour couper des fentes dans le feuillage de l’arbre hôte pour y déposer ses œufs. En l’absence de fécondation, les œufs produisent des mâles. Les diprions adultes ressemblent aux abeilles et aux guêpes aux ailes membraneuses qui leur sont apparentées. Ils s’en distinguent par une « taille » plus large entre le thorax et l’abdomen.

Aire de répartition et hôtes

Le diprion de la pruche est présent dans les forêts côtières du Pacifique, en Oregon, dans l’État de Washington, en Colombie-Britannique et au sud-est de l’Alaska. On le trouve également à l’ouest des Rocheuses dans les forêts de pruche de l’intérieur, et au sud de 54° de latitude nord en Colombie-Britannique jusqu’à l’Idaho et au Montana. Les principaux hôtes sont la pruche de l’Ouest (Tsuga heterophylla) et, dans une moindre mesure, la pruche subalpine (T. mertensiana). Lors d’infestations, les épinettes de Sitka (Picea sitchensis) et les sapins gracieux (Abies amabilis) environnants peuvent se voir endommagés.

Parties de l'arbre affectées

L’insecte s’alimente de préférence sur le vieux feuillage des arbres hôtes.

Symptômes et signes

Les larves de diprion ressemblent superficiellement aux larves de papillons de nuit et de papillons (chenilles). Les deux groupes ont trois paires de pattes segmentées sur leur thorax et un nombre variable de fausses pattes non segmentées (prolongements charnus ressemblant à des pattes) sous le segment abdominal. Les larves de diprion n’ont pas de fausses pattes ou, plus communément, six paires ou plus de fausses pattes sur leurs segments abdominaux. À l’inverse, les chenilles ont cinq paires de fausses pattes ou moins. Les variations et les chevauchements significatifs en ce qui concerne l’apparence des espèces apparentées rendent l’identification difficile, à moins que les caractéristiques puissent être observées sur plusieurs stades de vie.

En automne, des œufs jaune clair sont déposés individuellement dans des fentes coupées sur le bord des nouvelles aiguilles. Les larves émergeront en juin de l’an prochain. Elles sont d’abord noires, passant ensuite à un vert foncé. Peu importe le stade larvaire, les larves s’alimentent en colonies, de préférence sur les vieilles aiguilles. Ainsi, en début de saison, elles se distinguent de la tordeuse à tête noire de l’Ouest, car celle-ci préfère les nouvelles aiguilles. À mesure que les larves de diprion de la pruche se développent, elles peuvent s’alimenter sur les nouvelles pousses si le vieux feuillage est limité. Une fois rendues à maturité, les larves atteignent une longueur de 15 à 20 millimètres. Elles ont huit fausses pattes rattachées à l’abdomen et la couleur dominante du corps va du vert au jaune vert. D’ailleurs, le corps présente des rayures longitudinales de différentes nuances de gris, de vert et de jaune. Quel que soit le stade larvaire, les larves ont une tête noire. Les adultes mesurent entre 5 et 8 millimètres. Les adultes femelles sont brun jaunâtre avec des antennes dentelées, tandis que les mâles sont noirs avec des antennes « plumeuses ».

Lors d’infestations graves, la cime de l’arbre prend un aspect clairsemé et grisâtre. Les niveaux de dommages causés par le diprion de la pruche coïncident souvent avec les infestations de tordeuse à tête noire de l’Ouest (qui préfère le nouveau feuillage). Par conséquent, les dommages sont amplifiés et l’identification de l’agent à l’origine des plus importants dommages observés est problématique.

Cycle de vie

Le diprion de la pruche produit une génération par année. En automne, les femelles déposent leurs œufs dans des fentes coupées sur le bord des nouvelles aiguilles. L’insecte hivernera ensuite au stade de l’œuf. Au mois de juin suivant, les œufs s’assombrissent et gonflent. Les larves nouvellement écloses s’alimentent en colonies, d’abord à l’extrémité des aiguilles et, par la suite, vers la base. À mesure qu’elles se développent, elles se dispersent un peu partout dans la cime de l’arbre et s’alimentent sur le vieux feuillage, soit en groupes ou en solitaire. Une fois la période d’alimentation terminée à la fin de juillet, les diprions de la pruche passent au stade de prépupe. Ils tissent un cocon là où ils finissent par s’immobiliser, que ce soit sur les aiguilles, les rameaux, la végétation de sous-bois ou dans le sol. Une faible proportion de la population au stade de prépupe peut entrer en dormance physiologique (diapause) pendant un deuxième hiver. Les adultes émergent d’août à octobre pour s’accoupler et pondre leurs œufs.

Des conditions fraîches de l’été et de l’automne, typiques des forêts nordiques et côtières, peuvent exercer une influence directe sur la survie du diprion de la pruche, car elles ralentissent le développement des larves. Par conséquent, lorsque les températures automnales se refroidissent, l’activité des adultes est inhibée. Les étés humides favorisent la propagation d’un champignon pathogène qui tue les larves de diprion. De nombreux parasitoïdes indigènes ont été observés s’attaquant au diprion de la pruche.

Dommages

La préférence du diprion de la pruche pour le vieux feuillage et sa période d’alimentation relativement tardive réduisent son impact sur les arbres hôtes. En effet, on peut s’attendre à une diminution temporaire de la croissance radiale des arbres. Cependant, si les populations sont très élevées et celles-ci coïncident avec des infestations de tordeuse à tête noire de l’Ouest, le nouveau feuillage sera également consommé. Lorsque cela se produit, l’impact sur l’arbre hôte est amplifié. Si une défoliation importante provoquée par les deux insectes se produit sur deux saisons consécutives, la probabilité de dépérissement de la cime ou de mortalité de l’arbre augmente, particulièrement chez les jeunes arbres en situation exposée.

Prévention et répression

Les dommages causés aux forêts côtières par des infestations simultanées de diprion de la pruche et de tordeuse à tête noire de l’Ouest ont diminué depuis les années 1970. À l’exception d’une infestation récente de diprion de la pruche en Alaska, les plus importants dommages résultant de telles infestations simultanées ont été attribués à la tordeuse à tête noire de l’Ouest, en particulier dans les peuplements immatures. Les derniers des programmes de lutte antiparasitaire au début des années 1970 visaient la tordeuse à tête noire de l’Ouest. Selon le consensus qui se dégage à l’heure actuelle, plusieurs prédateurs naturels réussissent à maintenir les populations de diprion de la pruche en dessous des niveaux nuisibles. Lorsque les infestations se produisent, elles sont de courte durée et ont un effet minime sur l’hôte. La reprise évidente de la pruche de l’Ouest à la suite d’une défoliation a également contribué à réduire la volonté d’intervenir directement en cas d’infestations.

Les stratégies de gestion d’un ravageur particulier varient suivant plusieurs facteurs, notamment :

L’acquisition d’information sur chacun de ces facteurs est nécessaire aux prises de décisions relatives à l’application de l’une ou l’autre des stratégies de lutte contre un ravageur. Ces facteurs devront être soigneusement mis en balance par rapport aux coûts et avantages avant qu’on entreprenne toute action contre un ravageur particulier.

Les pesticides homologués pour lutter contre le diprion de la pruche dans des situations particulières peuvent changer d’une année à l’autre. Ainsi, pour connaître les produits actuellement homologués et pour obtenir des renseignements quant à leur usage contre ce ravageur, veuillez consulter la base de données Information sur les produits antiparasitaires de Santé Canada. Tout produit homologué devrait être appliqué en fonction de la taille de la population et seulement lorsque nécessaire et au stade de vie indiqué. Il est recommandé également de consulter un professionnel local en arboriculture. Les pesticides peuvent être toxiques pour les humains, les animaux, les oiseaux, les poissons et d’autres insectes utiles. Veuillez, par conséquent, appliquer les produits homologués uniquement en cas de besoin et conformément aux indications inscrites sur l’étiquette du fabricant. Dans certaines juridictions et dans certaines situations, seul un professionnel autorisé peut appliquer des pesticides. Il est recommandé de consulter les autorités locales compétentes pour déterminer les réglementations locales en vigueur.

Photos

Vue dorso-latérale d'une larve mature sur une pruche de l'Ouest.
Prépupe (gauche) et larve mature (droite) sur une pruche de l'Ouest.
Colonie de larves dévorant des aiguilles de pruche subalpine, formes de couleurs variées.

Références sélectionnées

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Citer cette fiche

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