Carie brune cubique du pied et alvéolaire du thuya

Rédigé par B.E. Callan Révision 2024

• Nom de la maladie en anglais : Brown cubical butt and pocket rot of cedar
• Autres noms de la maladie : Carie alvéolaire du thuya
• Nom de l'agent pathogène : Oligoporus sericeomollis (Romell) Bondartseva
• Règne : Fungi
• Embranchement : Basidiomycota
• Classe : Agaricomycetes
• Ordre : Polyporales
• Famille : Dacryobolaceae
• Liste partielle des synonymes :
  • Amylocystis sericeomollis (Romell) Teixeira
  • Chaetoporellus asiaticus (Overholts) M.P. Christ.
  • Leptoporus asiaticus Pilát
  • Leptoporus sericeomollis (Romell) Bourdot & Galzin
  • Polyporus asiaticus Pilát
  • Polyporus sericeomollis Romell
  • Poria asiatica Overh.
  • Poria sericeomollis (Romell) Romell
  • Postia sericeomollis (Romell) Jülich
  • Spongiporus sericeomollis (Romell) A. David
  • Tyromyces sericeomollis (Romell) Bondartsev

Renseignements généraux et importance

Oligoporus sericeomollis provoque une carie brune cubique du cœur des conifères. La carie forme de grandes colonnes de pourriture dans le pied des thuya/cyprès et des alvéoles isolées dans le tronc. C'est l'une des deux espèces de champignons responsables de la majeure partie de la pourriture du thuya géant (Thuya plicata) sur pied, suivie de près par la carie laminée des racines causée par Coniferiporia (anciennement Phellinus) weirii.  Les espèces de Thuya (Thuja) et de cyprès (Chamaecyparis) sont les seuls conifères infectés et sujet à la pourriture lorsqu’ils sont encore vivants, mais le champignon est également saprophyte sur de nombreuses espèces de conifères morts.

Aire de répartition et hôtes

Oligoporus sericeomollis a été signalé en Colombie-Britannique, en Alberta, en Ontario, au Québec et dans les Territoires du Nord-Ouest. Il s'agit d'une espèce endémique de l'Amérique du Nord. Dans l'ouest du Canada, sa répartition suit approximativement celle de ses principaux hôtes, le thuya géant et le cyprès de Nootka (Chamaecyparis nootkatensis). Elle a également été signalée en Europe et en Asie.

Le thuya géant et le cyprès de Nootka, matures ou surannés, sont les seuls hôtes vivants. Oligoporus sericeomollis décompose également les troncs morts et les rémanents de nombreux conifères et on le trouve occasionnellement sur des feuillus au Canada. Ailleurs en Amérique du Nord, il a été associé à une carie du cœur chez le cerisier tardif (Prunus serotina).

Les autres hôtes (sur les arbres morts uniquement) au Canada sont les suivants : sapin baumier (Abies balsamea), sapin subalpin (A. lasiocarpa), bouleau à papier (Betula papyrifera), mélèze de l'Ouest (Larix occidentalis), épinette d'Engelmann (Picea engelmannii), épinette blanche (P. glauca), épinette noire (P. mariana), épinette rouge (P. rubens), épinette de Sitka (P. sitchensis), pin gris (Pinus banksiana), pin tordu côtier (P. contorta var. contorta), pin tordu latifolié (P. contorta var. latifolia) et douglas vert (Pseudotsuga menziesii).

Parties de l'arbre affectées

Le pied et le tronc des conifères sont touchés. Le champignon se développe également de manière saprophyte sur les débris ligneux de conifères.

Symptômes et signes

Les organes de fructification sont produits sur les troncs morts et les rémanents. On ne les trouve pas sur les arbres vivants. Les fructifications sont annuelles, effusives (entièrement attachées au substrat, sans capuchon ni pédoncule), blanches et poroïdes, avec des marges fimbriées (frangées de saillies grossières ressemblant à des poils). Les fructifications matures atteignent un diamètre de 15 centimètres et forment une couche de tubes d'une profondeur maximale de 4 millimètres. La surface des pores est blanche à beige, avec 4 à 6 pores ronds ou anguleux par millimètre.

Les hyphes du corps fructifère ont un diamètre de 2 à 4 millimètres et leurs parois varient d'épaisses à minces. L'hyménium qui tapisse les tubes comprend des basides et des cystides, bien que les cystides soient rares dans certains spécimens. Les cystides sont ventrues (renflées au milieu et effilées à l'apex), à parois épaisses et parfois incrustées de cristaux à l'extrémité; elles mesurent de 14 à 26 micromètres sur 6 à 10 micromètres. Les basides sont en forme de massue, mesurant 18 à 20 micromètres sur 6 à 10 micromètres et portant quatre basidiospores hyalines (incolores) à parois minces, oblongues à étroitement ellipsoïdes, mesurant 4 à 5 micromètres sur 2,0 à 2,5 micromètres.

Oligoporus est proche en apparence de Postia et a été précédemment traité comme un synonyme de ce genre. Cependant, des études récentes indiquent que O. sericeomollis et une espèce européenne/asiatique étroitement apparentée, O. rennyi (Berk. & Broome) Donk, forment une lignée distincte qui est génétiquement éloignée des autres espèces de Postia. Morphologiquement, il y a peu de distinctions cohérentes entre les deux genres, mais les deux espèces d'Oligoporus ont des parois de basidiospores minces alors que les parois des basidiospores de Postia sont épaisses.

Il n'y a pas d'indicateurs externes de pourriture sur les arbres vivants. La pourriture précoce du bois est de couleur paille à brun jaunâtre pâle. Le bois en état de décomposition avancée est brun clair, cassant et fissuré en cubes, avec de minces mycéliums blancs qui poussent parfois dans les fissures. La pourriture dans le pied de l'arbre forme une colonne grossièrement cylindrique, mais plus haut dans le tronc, la pourriture peut former des séries d’alvéoles isolées, qui finissent par se rejoindre en crêtes ou en anneaux concentriques.

L'apparence de la carie brune cubique du pied avancée ressemble à celle causée par Phaeolus schweinitzii, un champignon polypore qui infecte rarement le thuya géant. Cependant, P. schweinitzii forme toujours des colonnes de pourriture intactes, tend à s'établir plus haut dans le tronc et produit des fructifications de grande taille et de couleur brun foncé.

Cycle de la maladie

On sait peu de choses sur la biologie de l'infection de O. sericeomollis. On ne sait pas si une blessure est une condition nécessaire à l'infection, bien qu'il s'agisse d'un mode d'infection courant pour de nombreux champignons de pourriture. On pense que la principale source d'inoculum est les basidiospores, qui sont libérées des pores des corps fructifères et transportées par le vent. Une fois établi dans un thuya/cyprès vivant, le champignon colonise le bois de cœur et, pendant plusieurs années, forme une colonne de pourriture. Après la mort de l'arbre, les fructifications se forment sur le bois mort.

Dommages

La perte structurelle du bois de thuya/cyprès est faible jusqu'à ce que la carie soit avancée. Il est difficile d'estimer les niveaux de pourriture et la qualité du bois rond (cubage) car la pourriture est dispersée en alvéoles dans certaines parties de l'arbre.

Prévention et répression

Comme les blessures constituent des voies d'entrée pour de nombreux champignons de pourriture, la prévention des blessures dans les jeunes peuplements peut réduire les niveaux de pourriture dans les arbres une fois qu'ils sont arrivés à maturité. Ceci est particulièrement important pour les arbres à écorce mince comme le thuya et le cyprès. La récolte d'arbres plus jeunes diminue également les chances d'avoir de grandes colonnes de pourriture.

Les stratégies de répression d’un ravageur particulier varient suivant plusieurs facteurs, notamment :

• le niveau de la population du ravageur (c'est-à-dire le nombre de ravageurs présents sur l'hôte ou les hôtes affectés);
• les dommages prévus ou toute autre conséquence négative résultant de l'activité du ravageur et du niveau de sa population sur l'hôte, les biens ou l'environnement; 
• la compréhension du cycle de vie du ravageur, de ses divers stades de développement, de même que des divers agents biotiques et non biotiques qui affectent les niveaux de ses populations;
• le nombre de spécimens hôtes individuels touchés (un seul arbre hôte, un petit groupe d’arbres hôtes, une plantation, une forêt);
• la valeur attribuée à l'hôte ou aux hôtes compte tenu des coûts rattachés aux approches de lutte contre le ravageur;
• la prise en considération des diverses approches de lutte de nature sylvicole, mécanique, chimique, biologique et naturelle, de même que de les avantages et désavantages de chacune.

L’acquisition d’information sur chacun de ces facteurs est nécessaire aux prises de décisions relatives à l’application de l’une ou l’autre des stratégies de lutte contre un ravageur. Ces facteurs devront être soigneusement mis en balance par rapport aux coûts et avantages avant qu’on entreprenne toute action contre un ravageur particulier.

Photos

Sporophore résupiné du champignon Oligoporus sericeomollis sur le thuya géant.

Dave Buckland

Carie brune cubique du pied et alvéolaire causée par Oligoporus sericeomollis chez le thuya géant.

Carie brune cubique du pied et alvéolaire causée par Oligoporus sericeomollis chez le thuya géant.

Carie brune cubique du pied et alvéolaire causée par Oligoporus sericeomollis chez le thuya géant.

Carie brune cubique du pied et alvéolaire causée par Oligoporus sericeomollis dans le bois d'oeuvre de thuya géant.

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