Sélection de la langue

Recherche


Scolyte de l'orme

Renseignements généraux et importance

On trouve le scolyte de l'orme dans la majeure partie de l'aire de répartition de son hôte principal, l'orme d'Amérique (Ulmus americana), de la Nouvelle-Écosse au centre de la Saskatchewan au Canada et du Maine à la Caroline du Nord sur la côte atlantique aux États-Unis vers l'ouest jusqu'au Dakota du Nord au nord et au sud jusqu’à l’ouest du Tennessee. Il était autrefois considéré comme un scolyte inoffensif. Les adultes se nourrissent de rameaux et de petites branches d'ormes vivants, et les couvées ne s'établissent que dans les arbres morts ou mourants. Cependant, la capacité de l'insecte à être un vecteur de deux agents pathogènes introduits (Ophiostoma ulmi et O. novo-ulmi), responsables de la maladie hollandaise de l'orme, ont complètement modifié l'impact de l'insecte. Ophiostoma novo-ulmi qui est plus virulent et qui a été introduit plus récemment que O. ulmi, est devenu l'agent pathogène dominant responsable de la maladie hollandaise de l'orme au Canada. Les spores du pathogène adhèrent au scolyte adulte et sont transportées des arbres infectés vers les arbres sains par l'activité alimentaire des adultes. Les arbres infectés et mourants sont ensuite sélectionnés par d'autres scolytes adultes pour leur couvée, et la génération suivante d'adultes devient également un vecteur contaminé. L'un ou l'autre des pathogènes provoque le flétrissement du feuillage en obstruant les faisceaux vasculaires des arbres, entravant la capacité de l'arbre à conduire l'eau et les nutriments. C'est le pathogène et non le scolyte qui cause la mort de l'arbre.

Le scolyte de l'orme est l'un des trois scolytes vecteurs de l'un ou l'autre des agents pathogènes responsables de la maladie hollandaise de l'orme en Amérique du Nord. Les deux autres espèces sont le scolyte européen de l'orme (Scolytus multistriatus) et le scolyte asiatique de l'orme (S. schevyrewi) qui sont tous deux des insectes introduits au Canada. Le scolyte de l'orme demeure le vecteur le plus commun au Canada, car il est plus tolérant au froid que le scolyte européen de l'orme; il a cependant été supplanté par l'espèce introduite dans d'autres parties de son aire de répartition. Les deux scolytes introduits sont les seuls vecteurs de la maladie hollandaise de l'orme à l'ouest de la région des Prairies.

Aire de répartition et hôtes

L'insecte peut être trouvé dans toute l'aire de répartition de l'orme d'Amérique dans l'est et le centre de l'Amérique du Nord : au Canada, de la Nouvelle-Écosse à travers les forêts des Grands Lacs et du Saint-Laurent du Québec et de l'Ontario jusqu'au centre du Manitoba et de la Saskatchewan au sud de la forêt boréale, et aux États-Unis, du Maine à travers la Caroline du Nord sur la côte atlantique vers l'ouest jusqu'au Dakota du Nord au nord et au sud jusqu'à l’ouest du Tennessee.

L'orme d'Amérique est l'hôte principal. L'orme liège (U. thomasii) et l'orme rouge (U. rubra) sont des hôtes moins courants, surtout au Canada. L'orme de Sibérie (U. pumila) et l'orme champêtre (U. procera) introduits sont vulnérables aux attaques du scolyte et il existe des signalements occasionnels d'attaques de scolytes sur le tilleul d’Amérique (Tilia americana) et le frêne (Fraxinus).

Parties de l'arbre affectées

Les adultes du scolyte de l'orme se nourrissent discrètement dans les fourches des petits rameaux des ormes sains. C'est le site habituel d'infection par les agents pathogènes. Les adultes creusent des galeries dans l'écorce des parties inférieures des arbres moribonds et pondent leurs œufs dans des galeries dans l'écorce interne. Les larves qui éclosent creusent des tunnels dans le phloème.

Symptômes et signes

Les adultes du scolyte de l'orme mesurent 2,3 à 3,5 millimètres de longueur, sont bruns et couverts de poils courts rouge jaunâtre. Les dommages causés par leur alimentation sur les petits rameaux dans la canopée des arbres sains sont discrets. La sciure rouge sur la surface de l'écorce autour des trous dans la partie inférieure des troncs des arbres moribonds est la preuve d'une colonisation. En retirant l'écorce, on découvre des galeries d'œufs avec deux branches de 5 à 7 centimètres de long, qui ne marquent que légèrement le bois. Les galeries d'œufs se distinguent des autres scolytes par leur forme horizontale ou en V dans le sens contraire des fibres du bois. Les galeries d'alimentation des larves du scolyte de l'orme sont perpendiculaires aux galeries d'œufs, parallèles au sens du fil du bois. D'autres espèces de scolytes de l'orme creusent des galeries d'œufs le long du fil du bois et les larves se dirigent à travers le fil du bois. Les larves du scolyte de l'orme sont blanc crème et courbées avec une tête brun-jaune. Les larves matures mesurent entre 3,5 et 4,0 millimètres de longueur. La pupaison a lieu dans des chambres situées à l'extrémité des galeries d'alimentation, juste sous l'écorce.

Les feuilles décolorées et fanées et les branches mortes observées sur des ormes auparavant sains ne sont pas des symptômes d'une attaque directe par le scolyte de l'orme, mais de la maladie hollandaise de l'orme.

Cycle de vie

Le scolyte de l'orme produit généralement une génération par année. Une deuxième génération partielle ou complète a été observée dans les régions au sud de l'aire de répartition de l’insecte. Les scolytes hivernent à l'état adulte dans des crevasses de l'écorce ou des tunnels peu profonds à la base des ormes sains ou à l'état larvaire dans leurs galeries d'alimentation. Lorsqu'il y a une deuxième génération partielle, leur couvée hiverne également à l'état larvaire, ce qui donne lieu à deux périodes distinctes d'activité adulte au printemps et à la fin de l'été de l'année suivante.

Les adultes qui émergent au printemps se nourrissent de rameaux et de petites branches dans la canopée des ormes sains. Si les spores du pathogène sont collées à la cuticule du scolyte, les arbres seront infectés par les cicatrices d'alimentation. Les adultes matures localisent ensuite les arbres morts ou mourants grâce aux composés attractifs volatils produits par l'hôte. Les femelles adultes creusent des trous dans le tronc inférieur de l'arbre pour établir des couvées. Les galeries d'œufs du scolyte de l'orme sont construites dans le sens contraire des fibres du bois. Les chambres pupales résultant des couvées initiées au début de la saison (mai et juin) sont formées aux extrémités des tunnels d'alimentation. Les adultes émergent à la fin de l'été et sont attirés par les arbres sains, où ils se nourrissent et finissent par choisir des sites d'hibernation situés au bas du tronc. Une petite proportion de ces nouveaux adultes initiera une deuxième génération, mais la plupart des couvées ultérieures sont produites par les scolytes qui ont hiverné sous forme de larves et sont apparus sous forme d'adultes à la fin de l'été. Les couvées de ces adultes de la fin de l'été hivernent également sous forme de larves.

Dommages

Le scolyte de l'orme cause peu de dommages directs aux ormes sains. C'est son rôle comme vecteur de l'un ou l'autre des agents pathogènes responsables de la maladie hollandaise de l'orme qui a modifié la relation écologique entre le scolyte et la santé de la forêt. La maladie hollandaise de l'orme a causé une mortalité catastrophique chez l'orme, qui était autrefois un feuillu dominant dans l'est de l'Amérique du Nord et un arbre d'agrément privilégié en milieu urbain.

Prévention et répression

L'impact dramatique de la maladie hollandaise de l'orme a donné lieu à de nombreux programmes de lutte chimique visant à supprimer les populations du scolyte de l'orme. L'habitude du scolyte adulte de pénétrer à la base des arbres sains pour hiverner permet d'appliquer des insecticides dans une zone restreinte où les adultes sont susceptibles d'être exposés.

L'assainissement et la prévention sont les principaux outils de répression, en particulier au début du mois de mai, lorsque de nouvelles couvées sont initiées. Lorsque des arbres infestés ou blessés sont abattus, ils ne doivent pas être laissés à proximité d'arbres sains. Toute l'écorce des arbres abattus ainsi que celle de la souche devraient être enlevée et enterrée. Une surveillance régulière des vecteurs pour toutes les espèces de scolytes de l'orme, des symptômes de la maladie et l'élimination et la destruction rapide des arbres infectés sont des éléments clés de la répression. L'élagage des branches infectées est courant, mais il est plus susceptible de retarder plutôt que d'arrêter la progression de la maladie. Les cicatrices d'élagage peuvent attirer les scolytes de l'orme adultes, à moins que la blessure ne soit traitée. Il est important de restreindre le déplacement du bois de chauffage ou de tout bois avec de l’écorce hors des zones infectées, car il s'agit d'une voie courante de transmission des scolytes et de la maladie.

Les ormes infectés dans les zones d'agrément peuvent être remplacés par des essences non vulnérables. Il semble y avoir une base génétique à la vulnérabilité, donc la collecte de graines de jeunes ormes apparemment résistants à la maladie hollandaise de l'orme serait une étape vers l'établissement de stocks résistants.

Les stratégies de répression d’un ravageur particulier varient suivant plusieurs facteurs, notamment :

L’acquisition d’information sur chacun de ces facteurs est nécessaire aux prises de décisions relatives à l’application de l’une ou l’autre des stratégies de lutte contre un ravageur. Ces facteurs devront être soigneusement mis en balance par rapport aux coûts et avantages avant qu’on entreprenne toute action contre un ravageur particulier.

Les pesticides homologués pour lutter contre le scolyte de l'orme dans des situations particulières peuvent changer d'une année à l'autre. Ainsi, pour connaître les produits actuellement homologués et pour obtenir des renseignements quant à leur usage contre ce ravageur, veuillez consulter la base de données Information sur les produits antiparasitaires de Santé Canada. Tout produit homologué devrait être appliqué en fonction de la taille de la population et seulement lorsque nécessaire et au stade de vie indiqué. Il est recommandé également de consulter un professionnel local en arboriculture. Les pesticides peuvent être toxiques pour les humains, les animaux, les oiseaux, les poissons et d’autres insectes utiles. Veuillez, par conséquent, appliquer les produits homologués uniquement en cas de besoin et conformément aux indications inscrites sur l’étiquette du fabricant. Dans certaines juridictions et certaines situations, seul un professionnel autorisé peut appliquer des pesticides. Il est recommandé de consulter les autorités locales compétentes pour déterminer les réglementations locales en vigueur.

Photos

Adulte dans sa galerie en forme de « V »
Vue latérale d'un adulte (longueur : 2,5 mm)
Galerie maternelle et galeries larvaires sur un tronc d'orme

Références sélectionnées

Anderson, P.L. et Holliday, N.J. 2003. Distribution and survival of overwintering adults of the Dutch elm disease vector, Hylurgopinus rufipes (Coleoptera: Scolytidae), in American elm trees in Manitoba. Agricultural and Forest Entomology, 5(2), 137-144. https://doi.org/10.1046/j.1461-9563.2003.00178.x

Aoun, M.; Rioux, D.; Simard, M. et Bernier, L. 2009. Fungal colonization and host defense reactions in Ulmus americana callus cultures inoculated with Ophiostoma novo-ulmi. Phytopathology, 99(6), 642-650. https://doi.org/10.1094/PHYTO-99-6-0642

Blanchette, R.A. 2023. Dutch elm disease–symptoms and elm bark beetles. Diseases of forest and shade trees. College of Food, Agriculture and Natural Resources. University of Minnesota. https://treediseases.cfans.umn.edu/dutchelm1 [Consulté en mars 2023]

Finnegan, R.J. 1957. Elm bark beetles in southwestern Ontario. The Canadian Entomologist, 89(6), 275-280. https://doi.org/10.4039/Ent89275-6

Gardiner, L.M. 1981. Seasonal activity of the native elm bark beetle, Hylurgopinus rufipes, in central Ontario (Coleoptera: Scolytidae). The Canadian Entomologist, 113(4), 341-348. https://doi.org/10.4039/Ent113341-4

Magasi, L.P.; Urguart, D.A.; Harrison, K.J. et Murray, D.M. 1993. Three decades of Dutch elm disease in Fredericton, N.B. Ressources naturelles Canada, Service canadien des forêts, Centre de foresterie de l’Atlantique. Fredericton, Nouveau-Brunswick. Rapport d’information M-X-185E. 39 p.

Martín, J.A.; Domínguez, J.; Solla, A.; Brasier, C.M.; Webber, J.F.; Santini, A.; Martinez-Arias, C.; Bernier, L. et Gil, L. 2023. Complexities underlying the breeding and deployment of Dutch elm disease resistant elms. New Forests, 54, 661-696. https://doi.org/10.1007/s11056-021-09865-y

Swedenborg, P.D.; Jones, R.L.; Ascerno, M.E. et Landwehr, V.R. 1988. Hylurgopinus rufipes (Eichhoff) (Coleoptera: Scolytidae): attraction to broodwood, host colonization behavior, and seasonal activity in central Minnesota. The Canadian Entomologist, 120(12), 1041-1050. https://doi.org/10.4039/Ent1201041-12

Takai, S.; Kondo, E.S. et Thomas, J.B. 1979. Seasonal development of Dutch elm disease on white elms in central Ontario, Canada. II. Following feeding by the North American native elm bark beetle. Revue canadienne de botanique, 57(4), 353-359. https://doi.org/10.1139/b79-047

Citer cette fiche

Nealis, V.G. 2025. Scolyte de l’orme. Dans J.P. Brandt, B.I. Daigle, J.-L. St-Germain, A.C. Skinner, B.C. Callan et V.G. Nealis, éditeurs. Arbres, insectes, acariens et maladies des forêts du Canada. Ressources naturelles Canada, Service canadien des forêts, Administration centrale. Ottawa, Ontario.