Carie brune cubique du bouleau
- Nom de la maladie en anglais : Brown cubical rot of birch
- Nom de l'agent pathogène : Fomitopsis betulina (Bull.) B.K. Cui, M.L. Han & Y.C. Dai (Common name for the fungus: razor strop fungus)
- Règne : Fungi
- Embranchement : Basidiomycota
- Classe : Agaricomycetes
- Ordre : Polyporales
- Famille : Fomitopsidaceae
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Liste partielle des synonymes :
- Fomes betulinus (Bull.) Gillot & Lucand
- Piptoporus betulinus (Bull.) P. Karst.
- Polyporus betulinus (Bull.) Fr.
Renseignements généraux et importance
Fomitopsis betulina est un polypore annuel de grande taille, à sommet lisse et de couleur beige, que l’on trouve exclusivement sur le bouleau (Betula) dans tout l’hémisphère nord. On le trouve partout où l’on trouve des espèces de bouleau au Canada et il provoque une carie brune cubique de l’aubier, en particulier sur les arbres tués par le feu ou l’armillaire. C’est l’un des rares champignons de carie brune qui s’attaque exclusivement aux feuillus dans la nature. Un morceau de F. betulina a été trouvé sur « Ӧtzi l’homme des glaces », le corps momifié d’un homme décédé il y a 5 300 ans et découvert dans un glacier italien en 1991. On attribue à ce champignon de nombreuses propriétés médicinales traditionnelles et il fait l’objet d’études modernes pour une éventuelle utilisation pharmacologique. L’intérieur liégeux du corps fructifère peut être utilisé pour aiguiser les lames de couteau. Il a également été utilisé comme source traditionnelle d’amadou pour allumer des feux.
Aire de répartition et hôtes
Fomitopsis betulina est réparti dans le monde entier dans une zone circumboréale. Au Canada, sa répartition suit à peu près celle du bouleau à papier (B. papyrifera), avec des signalements confirmés dans toutes les provinces et tous les territoires. Fomitopsis betulina est exclusif au bouleau. Il fructifie sur des arbres matures, généralement morts, debout ou tombés. Au Canada, ses principaux hôtes sont le bouleau à papier dans l'ouest du pays et le bouleau jaune (B. alleghaniensis) dans l'est du pays, mais il est également présent sur le bouleau fontinal (B. occidentalis) et le bouleau gris (B. populifolia).
Parties de l'arbre affectées
Troncs debout et tombés de bouleaux morts.
Symptômes et signes
Les basidiomes annuels sont de grande taille et distincts, en forme de rein, de couleur brun pâle à gris, et sont attachés au tronc par une courte tige robuste. Les basidiomes peuvent atteindre jusqu'à 25 centimètres de large, mais mesurent généralement environ 15 centimètres de large, et se projettent comme une étagère à partir de leur point d'attache (3 à 15 centimètres de large), avec une épaisseur de 1 à 5 centimètres (parfois jusqu'à 10 centimètres). La surface supérieure du basidiome est dure et coriace, grise à brun pâle, avec sa surface lisse se craquelant parfois pour donner une apparence légèrement écailleuse. En dessous, la marge de la couche de pores est délimitée d'une bordure surélevée en forme de courbe. La couche de pores est blanche à crème, mesurant 2 à 10 millimètres de profondeur, et se détache facilement du contexte (tissu interne du basidiome) lorsqu'elle est fraîche, mais a tendance à se fendre lorsqu'elle est séchée pour exposer les tubes individuels. Le contexte est blanc, dur et liégeux lorsqu'il est séché. Ses pores sont ronds à anguleux, 3 à 5 par millimètre. L'hyménium qui tapisse l'intérieur des pores est constitué de basides hyalines (incolores) en forme de massue, mesurant 10 à 12 micromètres sur 5 à 6 micromètres et chacune portant quatre basidiospores. Les basidiospores sont hyalines et allantoïdes (en forme de saucisse), mesurant 5 à 6 micromètres sur 1,5 à 2,0 micromètres.
Les basidiomes comprennent deux types d'hyphes (dimitiques) : des hyphes génératifs hyalins à parois minces (2,5 à 4,0 micromètres de diamètre) avec des connexions en pince et des hyphes squelettiques ramifiés hyalins à parois épaisses (2,5 à 5,0 micromètres de diamètre).
Le champignon provoque une carie brune, dégradant préférentiellement la cellulose et laissant derrière lui les composants bruns cassants de la lignine. Le bois pourri est brun jaunâtre et généralement fissuré et a une odeur de pomme, avec de fines feuilles blanches de mycélium de champignon dans les fissures. Le bois est léger et se transforme facilement en poudre sous pression. Les colonnes de décomposition individuelles sont séparées par des zones étroites de bois relativement intact. Le taux de décomposition est rapide et la présence de fructifications sur les arbres morts indique que la carie brune cubique est étendue au tronc.
Cycle de la maladie
Le corps fructifère se développe, mûrit, libère ses spores et meurt en une seule saison de croissance. Dans des conditions de laboratoire sur des milieux artificiels, l'achèvement du cycle de vie de la spore à la couche de pores fertiles prend trois mois. Dans le bois de bouleau inoculé artificiellement par F. betulina, une réduction de 30 à 70 % de la densité du bois peut être mesurée après quatre mois. La croissance à partir des points d'inoculation peut atteindre 20 centimètres après un an.
Les basidiospores libérées des pores de la face inférieure des basidiomes sont soulevées et dispersées par les courants du vent. Ces basidiospores peuvent infecter de nouveaux hôtes si elles atterrissent sur une écorce endommagée par un incendie ou par d'autres causes. Les arbres tués par l'armillaire sont particulièrement sensibles à la colonisation. Les coléoptères et autres insectes se nourrissent abondamment de basidiomes l'année suivant leur mort, ce qui entraîne leur désintégration.
Dommages
Une pourriture étendue peut entraîner la rupture du tronc des arbres exposés à des vents violents ou à des tempêtes de neige. La présence de fructifications sur les arbres morts indique que la carie brune cubique est étendue au tronc et qu'il reste peu de bois sain.
Prévention et répression
Les arbres morts avec des fructifications présentent un risque élevé de défaillance et doivent être éliminés dans les milieux urbains ou autour des zones récréatives à forte fréquentation. La carie brune cubique du bouleau est également bénéfique dans le cadre du recyclage naturel des débris ligneux des peuplements décadents et surannés. Les animaux qui nichent dans des cavités utilisent souvent le bois ramolli.
Les stratégies de répression d’un ravageur particulier varient suivant plusieurs facteurs, notamment :
- le niveau de la population du ravageur (c'est-à-dire le nombre de ravageurs présents sur l'hôte ou les hôtes affectés);
- les dommages prévus ou toute autre conséquence négative résultant de l'activité du ravageur et du niveau de sa population sur l'hôte, les biens ou l'environnement;
- la compréhension du cycle de vie du ravageur, de ses divers stades de développement, de même que des divers agents biotiques et non biotiques qui affectent les niveaux de ses populations;
- le nombre de spécimens hôtes individuels touchés (un seul arbre hôte, un petit groupe d’arbres hôtes, une plantation, une forêt);
- la valeur attribuée à l'hôte ou aux hôtes compte tenu des coûts rattachés aux approches de lutte contre le ravageur;
- la prise en considération des diverses approches de lutte de nature sylvicole, mécanique, chimique, biologique et naturelle, de même que de les avantages et désavantages de chacune.
L’acquisition d’information sur chacun de ces facteurs est nécessaire aux prises de décisions relatives à l’application de l’une ou l’autre des stratégies de lutte contre un ravageur. Ces facteurs devront être soigneusement mis en balance par rapport aux coûts et avantages avant qu’on entreprenne toute action contre un ravageur particulier.
Photos
Fructification fraîche du champignon Fomitopsis betulina sur une tige morte de bouleau gris sur pied.
André Carpentier
Bibliographie sélective
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