Arpenteuse de Bruce
- Nom commun anglais : Bruce spanworm complex
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Noms scientifiques :
- Operophtera bruceata (Hulst)
- Operophtera danbyi (Hulst)
- Operophtera occidentalis (Hulst)
- Règne : Animalia
- Embranchement : Arthropoda
- Classe : Insecta
- Ordre : Lepidoptera
- Famille : Geometridae
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Liste partielle des synonymes :
- Operophtera hyperborea (Hulst) (synonyme de O. occidentalis)
- Operophtera latipennis (Hulst) (synonyme de O. occidentalis)
- Operophteragroenlandica Lesse (synonyme de O.bruceata)
Renseignements généraux et importance
L'arpenteuse de Bruce est un complexe de défoliateurs indigènes étroitement apparentés de nombreuses espèces de feuillus dans les forêts canadiennes. Ils sont également étroitement apparentés à l’arpenteuse tardive (Operophtera brumata), une espèce exotique envahissante qui a été introduite dans les forêts côtières de l'est et de l'ouest du Canada. Des données génomiques suggèrent que les espèces s'hybrident là où leurs populations se chevauchent. Leur grande similitude a occulté l'invasion de l’arpenteuse tardive pendant plusieurs années, car on a supposé que les dommages étaient causés par le complexe indigène de l'arpenteuse de Bruce.
Le nom « Bruce » est une version familière du nom d'espèce « bruceata ». L'espèce doit son nom à Mme Rachel Bruce, l'épouse d'un des premiers lépidoptéristes. Le nom « arpenteuse » (également appelée « chenille arpenteuse ») fait référence à l'habitude caractéristique de ramper de cette chenille et de ses cousines de la famille des Geometridae ou « mesureurs de terre ». Les chenilles étirent d'abord la moitié avant de leur corps vers l'avant, puis tirent la moitié arrière du corps vers l'avant pour rejoindre les pattes avant, formant une boucle. Lorsque l'avant de la chenille s'étire à nouveau vers l'avant, le corps semble s'étendre ou « mesurer » une distance de la longueur de leur corps.
Aire de répartition et hôtes
Des trois espèces du complexe, O. bruceata est de loin la plus répandue. Elle est présente depuis les provinces de l'Atlantique jusqu'aux montagnes Rocheuses au Canada, ainsi que dans les régions adjacentes du nord des États-Unis. Les populations à l'ouest des montagnes Rocheuses sont suffisamment distinctes génétiquement pour avoir récemment été reconnues comme deux espèces distinctes: O. occidentalis sur l'île de Vancouver et sur la côte du continent et O. danbyi sur l'île de Vancouver. Lorsque plusieurs espèces d'Operophtera sont présentes (côtes atlantique et pacifique), elles ne peuvent être distinguées de manière fiable que par analyse d'ADN.
L'arpenteuse de Bruce se nourrit de la plupart des feuillus du Canada, notamment le chêne (Quercus), l'érable (Acer), le peuplier (Populus), le saule (Salix), le bouleau (Betula) et l'aulne (Alnus), ainsi que des arbres fruitiers sauvages et cultivés. Les préférences apparentes reflètent l'abondance régionale ou la valeur commerciale des hôtes disponibles. Le peuplier et le saule sont les hôtes les plus courants dans les provinces des Prairies et le nord de l'Ontario, l'érable à sucre (A. saccharum) et le hêtre à grandes feuilles (Fagus grandifolia) dans le sud et le centre de l'Ontario et du Québec, et le chêne et les arbres fruitiers, notamment le pommier (Malus), le poirier (Pyrus) et le cerisier (Prunus), dans les provinces maritimes.
Parties de l'arbre affectées
Symptômes et signes
Les œufs vert pâle sont pondus individuellement dans les fissures de l'arbre et mesurent moins d'un millimètre de long. Ils deviennent orange en quelques jours. Les larves du premier stade sont pâles et mesurent environ deux millimètres de long. Au fur et à mesure que les larves grandissent, la couleur de leur corps et de leur tête varie fortement du vert au brun foncé avec des lignes latérales et dorsales distinctes sur le corps. La longueur des larves matures est d'environ 18 millimètres. Les papillons femelles ont des ailes vestigiales et sont couverts de grandes écailles brunes avec des taches blanches irrégulières. Les mâles sont des papillons de taille moyenne avec des ailes antérieures semi-transparentes cerclées de marques brunes ou grises. Les papillons mâles volent la nuit de la fin de l'automne au début de l'hiver et sont attirés par la lumière.
Au début du printemps, on peut observer de petites larves suspendues aux arbres par des fils de soie. Les premières larves émergentes creusent des trous dans les bourgeons en développement où elles sont bien cachées. La plupart des dommages se produisent au cours de cette alimentation en début de saison et deviennent plus évidents à mesure que les feuilles se déplient pour révéler un motif caractéristique de trous dans les feuilles en développement. Les grandes larves tissent des toiles entre les feuilles et ont tendance à éviter de se nourrir des nervures des feuilles, ce qui donne une apparence « squelettique » au feuillage.
Cycle de vie
Toutes les espèces du complexe de l'arpenteuse de Bruce produisent une génération par an. Les œufs sont pondus individuellement de la fin de l'automne au début de l'hiver dans les crevasses de l'écorce, sur les lichens ou dans tout autre endroit protégé de l'arbre. Ils restent dormants jusqu'au mois de mai suivant. L'éclosion des œufs coïncide avec le débourrement des bourgeons au printemps. Les petites larves se dispersent sur des distances surprenantes grâce aux courants d'air en se laissant planer sur des fils de soie. Une fois installées, elles creusent d'abord des trous dans les bourgeons, puis se nourrissent à découvert ou dans des abris protégés, formés de feuilles lâchement entrelacées, jusqu'à la mi-juin ou la fin juin. Une fois le développement larvaire terminé, les chenilles tombent des arbres sur des fils de soie et forment des loges pupales dans le sol ou l’humus sous l'arbre. Elles restent dans le sol sous forme de pupes jusqu'à la fin de l'automne, lorsque les adultes émergent. Les papillons femelles ne volent pas. Elles grimpent du sol jusqu'à la tige inférieure des arbres et d'autres plantes et émettent une phéromone pour attirer les mâles reproducteurs. Les papillons mâles volent très bien et sont l'un des rares papillons observés lors des nuits froides de fin de saison.
Des infestations ont parfois touché de vastes zones de peuplier en Alberta et d'érables à sucre au Québec. En général, cependant, les infestations d'envergure de l'arpenteuse de Bruce sont rares. Un réseau très développé d'insectes ennemis naturels et d'oiseaux attaque l'arpenteuse de Bruce, mais ne semble pas avoir beaucoup d'impact. Un virus a été observé dans des zones où les populations ont atteint des niveaux d’infestation.
Dommages
Les infestations ne sont pas courantes et ne se développent que dans des zones telles que les forêts-parcs à trembles où son hôte préféré est dominant. Si une défoliation grave se produit tôt dans la saison, la plupart des espèces d'arbres feuillus peuvent produire une deuxième poussée de feuillage. Les infestations durent rarement plus de quelques années, de sorte que la mortalité des arbres n'est pas importante. La défoliation locale d'arbres de grande valeur tels que l'érable à sucre, les arbres fruitiers et les arbres d'ornement urbains peut être une nuisance.
Prévention et répression
Les stratégies de répression d’un ravageur particulier varient suivant plusieurs facteurs, notamment :
- le niveau de la population du ravageur (c'est-à-dire le nombre de ravageurs présents sur l'hôte ou les hôtes affectés);
- les dommages prévus ou toute autre conséquence négative résultant de l'activité du ravageur et du niveau de sa population sur l'hôte, les biens ou l'environnement;
- la compréhension du cycle de vie du ravageur, de ses divers stades de développement, de même que des divers agents biotiques et non biotiques qui affectent les niveaux de ses populations;
- le nombre de spécimens hôtes touchés (un seul arbre hôte, un petit groupe d’arbres hôtes, une plantation, une forêt);
- la valeur attribuée à l'hôte ou aux hôtes compte tenu des coûts rattachés aux approches de lutte contre le ravageur;
- la prise en considération des diverses approches de lutte de nature sylvicole, mécanique, chimique, biologique et naturelle, de même que de les avantages et désavantages de chacune.
L’acquisition d’information sur chacun de ces facteurs est nécessaire aux prises de décisions relatives à l’application de l’une ou l’autre des stratégies de lutte contre un ravageur. Ces facteurs devront être soigneusement mis en balance par rapport aux coûts et avantages avant qu’on entreprenne toute action contre un ravageur particulier.
Les espèces du complexe de l’arpenteuse de Bruce sont des insectes communs, mais les dommages sont rares et généralement peu importants. Comme elles se nourrissent d'une grande variété d'arbres, il existe peu de moyens d'éviter des dommages occasionnels. Des bandes collantes placées autour des troncs d'arbres en automne peuvent piéger les papillons femelles à l'automne et empêcher les larves de grimper dans l'arbre jusqu'au feuillage au printemps.
Les pesticides homologués pour lutter contre l’arpenteuse de Bruce dans des situations particulières peuvent changer d'une année à l'autre. Ainsi, pour connaître les produits actuellement homologués et pour obtenir des renseignements quant à leur usage contre ce ravageur, veuillez consulter la base de données Information sur les produits antiparasitaires de Santé Canada. Tout produit homologué devrait être appliqué en fonction de la taille de la population et seulement lorsque nécessaire et au stade de vie indiqué. Il est recommandé également de consulter un professionnel local en arboriculture. Les pesticides peuvent être toxiques pour les humains, les animaux, les oiseaux, les poissons et d’autres insectes utiles. Veuillez, par conséquent, appliquer les produits homologués uniquement en cas de besoin et conformément aux indications inscrites sur l’étiquette du fabricant. Dans certaines juridictions et certaines situations, seul un professionnel autorisé peut appliquer des pesticides. Il est recommandé de consulter les autorités locales compétentes pour déterminer les réglementations locales en vigueur.
Photos
Références sélectionnées
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