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Brûlure des pousses du peuplier

Renseignements généraux et importance

Le nom commun en anglais de la brûlure des pousses du peuplier fait référence à une crosse de berger et doit ce nom à l'aspect caractéristique des pousses mortes causées par des infections de Venturia moreletii. Ce champignon, endémique et répandu en Amérique du Nord, infecte les jeunes pousses tendres au printemps, provoquant le flétrissement des extrémités et la formation d'un crochet noirci (souvent appelé « vieux bâton de berger »).

Aire de répartition et hôtes

Venturia moreletii est endémique de l'Amérique du Nord et est présent sur le peuplier dans tout le Canada, dans chaque province et territoire forestier où l'on trouve le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides) et le peuplier à grandes dents (P. grandidentata). Il est également présent en Europe, où le peuplier blanc (P. alba) est un hôte. Il existe des signalements peu fréquents de ce champignon sur d'autres peupliers hôtes au Canada, notamment le peuplier à feuilles étroites (P. angustifolia), le peuplier baumier (P. balsamifera) et le peuplier de l’Ouest (P. trichocarpa). Cependant, Venturia populina (Vuill.) Fabric. est de loin l'espèce la plus commune et la plus nuisible sur le peuplier baumier et le peuplier à feuilles étroites. Venturia inopina est l’espèce de Venturia la plus commune et la plus nuisible sur le peuplier de l’Ouest et ses hybrides.

Parties de l'arbre affectées

Le feuillage et les jeunes pousses tendres du peuplier sont sensibles à Venturia moreletii. Les arbres de moins de 3 mètres de hauteur sont plus sujets à subir des dommages importants.

Symptômes et signes

Les jeunes pousses et feuilles tendres sont infectées au printemps par des ascospores en suspension dans l'air ou des conidies projetées par la pluie. Les pseudothèces (fructifications hivernales produisant des asques et des ascospores) sont produits à la fin de la saison de croissance sur les feuilles mortes tombées au sol et sur les vieux bâtons de berger, ces derniers restant souvent attachés à l'arbre jusqu'au printemps suivant. Les pseudothèces sont noirs, globuleux et lisses à sétigères (portant des soies courtes, sombres et rigides). Ils mesurent de 0,08 à 0,14 millimètre de diamètre et ont un ostiole apical de 0,02 à 0,05 millimètre de diamètre, faisant éruption à travers l'épiderme de l'hôte lorsqu'ils sont matures. Lorsqu'elles sont présentes, les soies ont une longueur moyenne de 30 à 50 micromètres. Les asques, qui se forment à l'intérieur des pseudothèces, sont cylindriques à oblongs, de 42 à 63 micromètres de long par 10 à 12 micromètres de diamètre, bituniqués (avec des parois à deux couches), et contiennent deux, quatre ou huit ascospores de couleur brun-olive. Ces ascospores ont des parois légèrement rugueuses à lisses et sont elliptiques ou en forme de massue. Elles mesurent 15 à 22 micromètres de long par 7 à 11 micromètres de diamètre à leur point le plus large, avec une cellule plus grande que l'autre. Après infection par les ascospores ou les conidies hivernantes, les tissus malades se flétrissent et noircissent. Au début de l'été, les zones mortes se couvrent d'une couche veloutée vert olive de cellules productrices de conidies (conidiogènes) et de conidies. Les cellules conidiogènes sont cylindriques, vert olive à marron, non septées, et mesurent 8 à 12 micromètres de long par 4 à 6 micromètres de diamètre. Les conidies sont brun-olive et ellipsoïdes à cylindriques. Elles mesurent 12 à 42 micromètres de long par 6 à 11 micromètres de diamètre, sont droites ou légèrement incurvées et ont 0 à 2 parois transversales.

Les niveaux élevés d'infection se traduisent par un arbre rabougri et touffu lorsque la plupart des nouvelles pousses de la couronne sont infectées. Les extrémités recourbées des bâtons de berger sont dépourvues de feuillage et, en dessous, des grappes de feuilles mortes noircies restent attachées à leurs branches.

Venturia borealis provoque parfois des taches foliaires sur le peuplier faux-tremble dans le nord de la Colombie-Britannique et le territoire du Yukon. Il produit parfois des lésions adjacentes à celles de V. moreletii sur la même feuille. Il se distingue par des infections limitées à de petites taches violacées qui se détachent de la feuille, laissant à leur place des « trous de tir ». Les conidies de V. borealis sont cylindriques, brun clair et unicellulaires. Elles mesurent 15 à 22 micromètres de long par 4 à 5 micromètres de diamètre et sont nettement plus étroites que celles de V. moreletii.

Venturia populina et V. inopina G. Newc. sont tous deux associés à la brûlure des pousses et des feuilles du peuplier deltoïde et du peuplier baumier en Amérique du Nord.

Cycle de la maladie

Chaque printemps, l'inoculum primaire provient de deux sources. La source principale est constituée par les ascospores transportées par le vent et éjectées de force des pseudothèces ayant hiverné, qui sont enfoncés dans les bâtons de berger sur les arbres ou sur les feuilles au sol. Les conidies hivernantes projetées par la pluie sur les bâtons de berger constituent une deuxième source d'inoculum précoce. Les premières taches foliaires noires de la saison se développent quelques jours seulement après l'infection et sont souvent adjacentes aux restes gris et ratatinés des bâtons de berger de l'année dernière.

Les infections commencent par des lésions sombres sur les pousses, les feuilles et les pétioles. Ces lésions s'étendent rapidement et provoquent la mort de la pousse entière. Les conidies sont produites sur les tissus morts et sont disséminées par la pluie et le vent, provoquant de nouvelles infections tout au long de la saison de croissance par temps humide. Les infections se limitent aux pousses et aux feuilles tendres en développement et ne s'étendent pas aux rameaux ou aux branches ligneuses.

Dommages

Les dommages causés par la maladie sont les plus importants et peuvent atteindre des niveaux épidémiques les années où le printemps est doux et humide. Dans ces conditions, la plupart des pousses des jeunes peuplements de peupliers régénérés naturellement par drageonnement peuvent mourir. Les infections répétées par V. moreletii peuvent donner des couronnes petites, rabougries, déformées et touffues. Les pousses terminales sont les plus touchées car elles continuent à produire de nouvelles pousses vulnérables en s'allongeant tout au long de la saison de croissance, contrairement aux branches latérales qui s'endurcissent. Les arbres fortement infectés deviennent courbés en raison des attaques répétées sur les pousses terminales. Les extrémités mortes entraînent une nouvelle croissance des branches latérales qui se courbent vers le haut à la place des terminaisons mortes. Le remplacement des pousses terminales, suivi de leur infection et de leur mort, peut se produire plusieurs fois au cours d'une même saison. Les jeunes arbres de moins de 3 mètres sont les plus vulnérables en raison de leur proximité avec l'inoculum printanier au sol et l'inoculum de l'étage supérieur si des peupliers matures sont présents dans le peuplement. Des niveaux élevés de maladie peuvent réduire la hauteur de la couronne d'un tiers au cours de l'année de l'infection.

Lorsque les arbres atteignent une hauteur de 5 mètres ou plus, l'impact de la maladie diminue.

Prévention et répression

Dans les pépinières, l'enlèvement et la destruction des feuilles mortes tombées à l'automne réduiraient mais n'élimineraient pas l'inoculum au printemps. En effet, les bâtons de berger demeurant sur les arbres continueraient à produire des spores. Il existe une variation génétique considérable dans la résistance du peuplier à V. moreletii, ce qui indique que les programmes de sélection pourraient incorporer des traits de résistance sélectionnés dans la descendance.

Les stratégies de répression d’un ravageur particulier varient suivant plusieurs facteurs, notamment :

L’acquisition d’information sur chacun de ses facteurs est nécessaire aux prises de décisions relatives à l’application de l’une ou l’autre des stratégies de lutte contre un ravageur. Ces facteurs devront être soigneusement mis en balance par rapport aux coûts et avantages avant qu'on entreprenne toute action contre un ravageur particulier.

Photos

Pousses de peuplier faux-tremble flétries par le champignon <em>Venturia moreletii</em>.
Pousses et feuilles nécrotiques de peuplier faux-tremble présentant des symptômes caractéristiques de « bâton de berger » causés par le champignon <em>Venturia moreletii</em>.
Pousses et feuilles nécrotiques de peuplier faux-tremble présentant des symptômes caractéristiques de « bâton de berger » causés par le champignon <em>Venturia moreletii</em>.
Couronne supérieure d'un jeune peuplier faux-tremble présentant plusieurs pousses affectées par <em>Venturia moreletii</em>.
Brûlure des pousses du peuplier causée par le champignon <em>Venturia moreletii</em>.

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Citer cette fiche

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