Sélection de la langue

Recherche


Brûlure des aiguilles du thuya

Renseignements généraux et importance

La brûlure des aiguilles du thuya est une maladie foliaire courante du thuya géant et du thuya occidental (Thuja plicata et T. occidentalis). Elle provoque un aspect inesthétique et de faibles niveaux de dommages par décoloration foliaire chez les arbres matures. La maladie peut causer de graves dommages aux jeunes plants dans les pépinières où la densité des semis et l'humidité élevée offrent des conditions optimales pour la production de spores fongiques, la propagation et l'intensification de la maladie.

Aire de répartition et hôtes

Didymascella thujina est endémique de l'Amérique du Nord. Il est présent dans toute l'aire de répartition naturelle de ses hôtes (thuya géant et thuya occidental), et là où ses hôtes ont été plantés comme arbres ornementaux. Il a été signalé en Alberta, en Colombie-Britannique, en Ontario, au Nouveau-Brunswick, à Terre-Neuve et Labrador, à l'Île-du-Prince-Édouard, au Québec et dans les Territoires du Nord-Ouest. Il a également été introduit en Europe sur des thuyas importés et a causé de graves dommages au matériel de reproduction en pépinière.

Parties de l'arbre affectées

Les écailles foliaires sont infectées et sont facilement détectées par leur couleur brun pâle décolorée au milieu d'écailles vertes saines. Ce motif distingue la brûlure des aiguilles du thuya de la brûlure hivernale, qui provoque une décoloration foliaire uniforme et ne présente pas de taches sombres. Les dommages causés par les mineuses et les acariens se distinguent par la présence de toiles et d'excréments (matières végétales mâchées et matières fécales).

Symptômes et signes

Les symptômes apparaissent d'abord sous la forme de petites taches pâles sur la surface supérieure du feuillage en forme d’écaille. L'ensemble de l'écaille finit par prendre une teinte brun clair. Les apothécies se développent sur les pousses de l'année précédente, généralement une par écaille, mais parfois jusqu'à trois par écaille. Elles sont ovales à rondes, d'un diamètre pouvant atteindre 1 millimètre, et deviennent noires à maturité lorsqu'elles sont sèches. Elles sont d'un brun olive plus clair lorsqu'elles sont humides. En se développant à l’intérieur de l’écaille, elles se gonflent et soulèvent un lambeau de la cuticule et de l'épiderme, et les asques de la surface apothécique sont exposés, ce qui permet la libération des spores. Les vieilles apothécies tombent souvent de l’écaille morte, laissant une fosse sombre. Les asques sont en forme de massue et mesurent 100 micromètres sur 20 micromètres. Ils ont un pore terminal qui ne se colore pas en bleu dans l'iode (chacun contient deux ascospores). Les ascospores sont bicellulaires (la cellule supérieure est plus petite que la cellule inférieure), ellipsoïdes et ont une paroi épaisse et collante. Elles sont brunes, ont des projections épineuses à maturité et mesurent 22 à 25 micromètres sur 15 à 16 micromètres.

Cycle de la maladie

L'achèvement du cycle de la maladie prend deux saisons de croissance, les nouvelles infections par les ascospores se produisant au cours de la première saison de croissance, et la maturation apothécique au cours de la seconde. Dans le Nord-Ouest du Pacifique, les ascospores sont libérées de force par les apothécies d'avril à juin, et à nouveau à des niveaux plus faibles de fin septembre à début novembre. Elles ne sont pas libérées par temps sec ou si les températures descendent en dessous de 5 °C. Les ascospores sont transportées par le vent et, lorsqu'elles se posent sur le feuillage, leur surface collante adhère si fortement qu'elles ne peuvent être enlevées sans être détruites. Leurs épaisses parois cellulaires les protègent de la dessiccation jusqu'à ce qu'il y ait de l'eau libre à la surface de la feuille (provenant de la pluie, de la condensation ou de l'irrigation). Les ascospores germent pour former une tige infectieuse qui pénètre directement dans l'épiderme de la feuille. Le champignon colonise le mésophylle de la feuille. Les infections sont limitées à une seule écaille. Les apothécies libèrent des spores après des périodes humides et sèches répétées pendant une période pouvant aller jusqu'à 2 semaines. En cas d'humidité prolongée du feuillage, les ascospores sont libérées en continu jusqu'à ce que l'apothécie soit épuisée.

Dommages

Le thuya géant est l'hôte le plus vulnérable, quel que soit l'endroit où il est cultivé. Les semis des pépinières et les jeunes arbres subissent les dommages les plus importants et ont le taux de mortalité le plus élevé. Les niveaux les plus élevés de la maladie se produisent lorsque l'humidité est élevée et que la végétation est dense. Des taux de mortalité allant jusqu'à 97 % ont été signalés pour les semis de pépinière. La réduction de la biomasse des pousses des arbres de moins de 4 ans dans les plantations de reboisement peut atteindre 50 %, ce qui retarde l'établissement des peuplements en régénération. Une forte couverture de végétation concurrente dans les plantations augmente également l'humidité et, par conséquent, l'incidence des maladies. Dans les peuplements naturels matures, la brûlure foliaire est plus évidente sur les branches inférieures. Une réduction de la croissance peut se produire, mais la mortalité est rare.

Prévention et répression

Les stratégies de répression d’un ravageur particulier varient suivant plusieurs facteurs, notamment :

L’acquisition d’information sur chacun de ses facteurs est nécessaire aux prises de décisions relatives à l’application de l’une ou l’autre des stratégies de lutte contre un ravageur. Ces facteurs devront être soigneusement mis en balance par rapport aux coûts et avantages avant qu'on entreprenne toute action contre un ravageur particulier.

Les fongicides peuvent être utilisés pour lutter contre la brûlure des aiguilles du thuya dans les pépinières lorsque de fortes infestations le justifient, mais ils doivent être appliqués tôt et de manière constante pendant toute la durée de la saison de croissance jusqu'à ce que les semis soient âgées de 2 ans.

Les pratiques culturales permettent également de réduire les niveaux de maladie. L'élimination des thuya adultes infectés à proximité des pépinières réduit l'inoculum local. La circulation de l'air à travers les cultures de pépinières réduit les niveaux d'humidité sur le feuillage, en particulier pendant l'été, tout comme la protection des semis contre la pluie.

Il existe des preuves de résistance à la maladie dans les populations de thuya géant de la côte ouest. Les populations côtières de basse altitude de la Colombie-Britannique sont les plus résistantes. Les populations de haute altitude en Colombie-Britannique et en Californie sont les moins résistantes. Les arbres originaires d'écosystèmes plus doux et plus humides présentent une plus grande résistance que ceux provenant d'autres écosystèmes plantés sur le même site.

Les pesticides homologués pour être utilisés contre Didymascella thujina dans des situations particulières peuvent changer d'une année à l'autre. Ainsi, pour connaître les produits actuellement homologués et pour obtenir des renseignements quant à leur usage contre ce pathogène, veuillez consultez la base de données Information sur les produits antiparasitaires de Santé Canada. Tout produit homologué devrait être appliqué en fonction de la taille de la population et seulement lorsque nécessaire et au stade de vie indiqué. Il est recommandé également de consulter un professionnel local en arboriculture. Les pesticides peuvent être toxiques pour les humains, les animaux, les oiseaux, les poissons et d’autres insectes utiles. Veuillez, par conséquent, appliquer les produits homologués uniquement en cas de besoin et conformément aux indications inscrites sur l’étiquette du fabricant. Dans certaines juridictions et dans certaines situations, seul un professionnel autorisé peut appliquer des pesticides. Il est recommandé de consulter les autorités locales compétentes pour déterminer les réglementations locales en vigueur.

Photos

Feuillage de thuya géant infecté par le champignon <em>Didymascella thujina</em>.
Apothécies (fructifications) de <em>Didymascella thujina</em> sur le feuillage du thuya géant.

Bibliographie sélective

CABI (Centre for Agriculture and Bioscience International). 2021. Didymascella thujina (original text by H.H. Kope), Dans Invasive species compendium. CAB International. Wallingford, Royaume Uni. www.cabi.org/isc

Gray, L.K.; Russell, J.H.; Yanchuk, A.D. et Hawkins, B.J. Predicting the risk of cedar leaf blight (Didymascella thujina) in British Columbia under future climate change. Forest Meteorology, 180, 152-163. https://doi.org/10.1016/j.agrformet.2013.04.023

Kope, H.H.; Trotter, D. et Sutherland, J.R. 1993. Keithia leaf blight of western red cedar. Forêts Canada, Centre de foresterie du Pacifique. Victoria, Colombie-Britannique. Mise à jour de la recherche et du développement, Septembre.

Kope, H.H. 2000. Fungi Canadenses No. 343. Didymascella thujina. Revue canadienne de phytopathologie, 22(4), 407-409. https://doi.org/10.1080/07060660009500460

Kope, H.H.; Ekramoddoullah, A.K.M. et Sutherland, J.R. 1998. Analysis of proteins of disease-free and Didymascella thujina-infected leaves of western redcedar (Thuja plicata). Plant Disease, 82(2), 210-212. https://doi.org/10.1094/PDIS.1998.82.2.210

Porter, W.A. 1957. Biological studies on western red cedar blight caused by Keithia thujina Durand. (Unpublished report). Gouvernement du Canada, Ministère des Affaires du Nord et des Ressources nationales, Direction des Forêts. Victoria, Colombie-Britannique. 31 p.

Citer cette fiche

Callan, B.E. 2024. Brûlure des aiguilles du thuya. Dans J.P. Brandt, B.I. Daigle, J.-L. St-Germain, A.C. Skinner, B.C. Callan et V.G. Nealis, éditeurs. Arbres, insectes, acariens et maladies des forêts du Canada. Ressources naturelles Canada, Service canadien des forêts, Administration centrale. Ottawa, Ontario.