Rouille des conifères et du peuplier de l'Ouest
- Nom de la maladie en anglais : Conifer-poplar rust
- Nom de l'agent pathogène : Melampsora occidentalis Jacks.
- Règne : Fungi
- Embranchement : Basidiomycota
- Classe : Pucciniomycetes
- Ordre : Pucciniales
- Famille : Melampsoraceae
-
Liste partielle des synonymes :
- Caeoma occidentalis Arth.
Renseignements généraux et importance
Melampsora occidentalis est un parasite obligatoire, c'est-à-dire qu'il ne peut survivre sans un hôte vivant. La rouille alterne entre un hôte conifère et un hôte peuplier pour accomplir son cycle de vie complexe. Elle produit cinq stades de spores morphologiquement et pathologiquement différents, qui se trouvent exclusivement sur l'hôte conifère ou peuplier. La rouille provoque une défoliation mineure à modérée de son hôte peuplier. Elle peut être très dommageable pour les semis délicats de conifères, en particulier ceux qui sont plantés dans des pépinières de plants à racines nues à proximité de peupliers.
Aire de répartition et hôtes
La répartition de la rouille des conifères et du peuplier de l’Ouest suit celle de son principal hôte urédinal, le peuplier de l’Ouest (P. trichocarpa), dans l'ouest de l'Amérique du Nord. Elle a également été introduite dans le centre des Etats-Unis, probablement par des plantations expérimentales de peuplier de l’Ouest. À la périphérie de l'aire de répartition naturelle du peuplier de l’Ouest, le peuplier baumier (P. balsamifera) et le peuplier à feuilles étroites (P. angustifolia) ont également été signalés comme hôtes. Les espèces de conifères des genres suivants qui sont présentes naturellement ou plantées dans les mêmes zones que le peuplier de l’Ouest sont des hôtes spéciaux : sapin (Abies), mélèze (Larix), épinette (Picea), pin (Pinus), douglas vert (Pseudotsuga menziesii) et douglas bleu (P. menziesii var. glauca). Au Canada, le pathogène est endémique en Alberta, en Colombie-Britannique, en Saskatchewan et dans les Territoires du Nord-Ouest.
Parties de l'arbre affectées
Les infections sont principalement foliaires (feuilles de peuplier, aiguilles de conifères de l'année en cours), mais les jeunes pousses tendres des conifères (en particulier les semis) peuvent également être affectées.
Symptômes et signes
Les premiers signes de M. occidentalis apparaissent en été sur les peupliers sous forme de petites pustules urédinales jaunâtres et arrondies sur la face inférieure des feuilles infectées. Elles peuvent d'abord apparaître comme des points poudreux sur les feuilles, d'un diamètre inférieur à 1 millimètre. Au fur et à mesure que la saison avance, toute la surface inférieure de la feuille peut prendre une teinte orangée. En cas de forte infection, le feuillage jaunit et tombe prématurément. Les urédinies contiennent des masses d'urédiospores largement ellipsoïdes à oblongues à piriformes (en forme de poire), et mesurant 30 à 50 micromètres sur 17 à 30 micromètres. Leur contenu est jaunâtre et leurs parois latérales sont légèrement épaissies sur les côtés opposés. Les urédiospores sont ornées de minuscules épines sur toute leur surface, ce qui distingue M. occidentalis de M. medusae (et ses hybrides), dont les urédiospores présentent généralement des taches chauves. Parmi les urédiospores, on trouve des paraphyses en forme de capitule ou de massue (structures hyphales hyalines stériles avec des sommets arrondis). Les télies se trouvent sur les feuilles de peuplier attachées vers la fin de la saison de croissance et sur les feuilles tombées au sol. Elles ont un aspect cireux et se développent sous l'épiderme de la face inférieure de la feuille. Elles sont d'abord orange et deviennent orange-brun lorsque les feuilles tombent. Les téliospores sont prismatiques (rectangulaires vues de côté, carrées vues de dessus) et mesurent 40 à 66 micromètres sur 10 à 20 micromètres. Elles ont des sommets à parois épaisses et sont de couleur jaune-brun. Au printemps, lorsque les aiguilles des conifères hôtes sortent des bourgeons et commencent à se développer, les téliospores germent et forment un baside septé portant quatre basidiospores.
Les jeunes aiguilles des conifères infectés par les basidiospores développent des spermogonies microscopiques en forme de volcan sous la cuticule de l'aiguille. Peu après, des écidies commencent à se développer sur la surface inférieure des aiguilles. Les écidies sont rondes à ovales, jaunes et d'un diamètre de 0,5 à 1 millimètre. Les écidiospores sont produites en chaîne dans les écidies. Elles sont globuleuses, mesurent 26 à 35 micromètres sur 22 à 27 micromètres et ont des parois de spores minutieusement verruqueuses qui sont plus épaisses à l'équateur.
La plupart des peupliers hybrides cultivés commercialement dans l'ouest de l'Amérique du Nord sont résistants à M. occidentalis. Cependant, cette rouille endémique s'est hybridée avec la rouille introduite M. medusae f. sp. deltoidis dans les plantations de peupliers hybrides de l'ouest de l'Amérique du Nord. La rouille hybride, Melampsora x columbiana, présente des caractéristiques morphologiques intermédiaires entre les deux rouilles parentales et est particulièrement pathogène pour les croisements hybrides de P. trichocarpa et P. deltoides.
Cycle de la maladie
Melampsora occidentalis est un parasite obligatoire (il a besoin d'un hôte vivant pour se développer et se reproduire). Il est également macrocyclique (il possède cinq types de spores différents : spermaties, écidiospores, urédiospores, téliospores et basidiospores) et hétéroïque (il doit alterner entre deux espèces hôtes non apparentées à différents stades de son cycle de vie pour l'achever complètement). Les basidiospores des télies ayant hiverné sur les feuilles de peuplier tombées au sol sont transportées par le vent et infectent au printemps le jeune feuillage des conifères situés à proximité. La rouille colonise les aiguilles des conifères et produit des spermogonies microscopiques en forme de volcan sous la cuticule de l'aiguille. Les spermogonies exsudent des spermaties. La recombinaison sexuelle (accouplement) se produit lorsque les spermaties suintent des spermogonies dans un liquide sucré et collant et sont propagées (généralement par des acariens ou des insectes) vers des hyphes réceptifs sur une autre spermogonie voisine. L'union qui en résulte produit des pustules écidiennes environ deux semaines après l'infection initiale par les basidiospores. Les écidies sortent de l'épiderme et libèrent des écidiospores, qui sont transportées par le vent et ne peuvent pas réinfecter leur hôte conifère. Si les écidiospores tombent sur le feuillage de jeunes peupliers, elles les infectent. Les urédinies résultant de l'infection des écidiospores sont alors produites en abondance sur le feuillage des peupliers, libérant de grandes quantités d'urédiospores tout au long de l'été. Les urédiospores sont transportées par le vent et infectent à nouveau le feuillage des peupliers. La production continue de nouvelles urédiospores peut entraîner des niveaux élevés d'infection foliaire à la fin de la période de croissance. À la fin de la période de croissance, la production d'urédiospores ralentit. Les urédinies sont progressivement remplacées par des télies, qui se développent sur les feuilles de peuplier mourantes. Les téliospores sont serrées dans les télies. Elles ne constituent pas une source de propagation. Au printemps, elles germent sur les feuilles tombées au sol et produisent des basides septées et des basidiospores.
Dommages
La rouille provoque la défoliation la plus importante sur les peupliers dans les forêts naturelles les années où les températures printanières sont douces et les précipitations supérieures à la moyenne. De graves dommages aux très jeunes plants de conifères (âgés de 1 à 2 ans) peuvent se produire dans les plantations de reboisement et les pépinières de plants à racines nues situées dans des zones forestières où le peuplier (l'hôte alternatif) se trouve à proximité. Les semis de mélèze sont les plus sensibles à M. occidentalis, suivis par les semis de douglas vert, de pin, de sapin et d'épinette.
Prévention et répression
L'impact sur les hôtes peuplier est mineur à modéré les années humides et se produit principalement dans les forêts naturelles, de sorte qu'aucune lutte contre la rouille sur ces hôtes n'est justifiée.
Dans les pépinières de plants de conifères à racines nues, l'incidence de la maladie peut être réduite par l'élimination des peupliers à proximité. Si cela n'est pas possible, l'enlèvement et la destruction des feuilles de peuplier tombées au sol sont également efficaces. Cela brisera le cycle de la maladie en réduisant considérablement la production de basidiospores à partir des téliospores hivernant sur les feuilles mortes.
Les stratégies de répression d’un ravageur particulier varient suivant plusieurs facteurs, notamment :
- le niveau de la population du ravageur (c'est-à-dire le nombre de ravageurs présents sur l'hôte ou les hôtes affectés);
- les dommages prévus ou toute autre conséquence négative résultant de l'activité du ravageur et du niveau de la population sur l'hôte, les biens ou l'environnement;
- la compréhension du cycle de vie du ravageur, de ses divers stades de développement, de même que des divers agents biotiques et non biotiques qui affectent les niveaux de ses populations;
- le nombre de spécimens hôtes individuels touchés (un seul arbre hôte, un petit groupe d’arbres hôtes, une plantation, une forêt);
- la valeur attribuée à l'hôte ou aux hôtes compte tenu des coûts rattachés aux approches de lutte contre le ravageur;
- la prise en considération des diverses approches de lutte de nature sylvicole, mécanique, chimique, biologique et naturelle, de même que de les avantages et désavantages de chacune.
L’acquisition d’information sur chacun de ses facteurs est nécessaire aux prises de décisions relatives à l’application de l’une ou l’autre des stratégies de lutte contre un ravageur. Ces facteurs devront être soigneusement mis en balance par rapport aux coûts et avantages avant qu'on entreprenne toute action contre un ravageur particulier.
Les pesticides homologués pour être utilisés contre M. occidentalis dans des situations particulières peuvent changer d'une année à l'autre. Ainsi, pour connaître les produits actuellement homologués et pour obtenir des renseignements quant à leur usage contre ce ravageur, veuillez consultez la base de données Information sur les produits antiparasitaires de Santé Canada. Tout produit homologué devrait être appliqué en fonction de la taille de la population et seulement lorsque nécessaire et au stade de vie indiqué. Il est recommandé également de consulter un professionnel local en arboriculture. Les pesticides peuvent être toxiques pour les humains, les animaux, les oiseaux, les poissons et d’autres insectes utiles. Veuillez, par conséquent, appliquer les produits homologués uniquement en cas de besoin et conformément aux indications inscrites sur l’étiquette du fabricant. Dans certaines juridictions et dans certaines situations, seul un professionnel autorisé peut appliquer des pesticides. Il est recommandé de consulter les autorités locales compétentes pour déterminer les réglementations locales en vigueur.
Photos
Bibliographie sélective
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