Rouge du Douglas
- Nom de la maladie en anglais : Douglas-fir needle cast
- Autres noms de la maladie : Flétrissement des aiguilles du sapin Douglas
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Nom des agents pathogènes :
- Rhabdocline epiphylla (Parker & Reid) J.K. Stone & D.S. Gernandt
- Rhabdocline oblonga (Parker & Reid) J.K. Stone & D.S. Gernandt
- Rhabdocline obovata (Parker & Reid) J.K. Stone & D.S. Gernandt
- Rhabdocline pseudotsugae Syd.
- Rhabdocline weirii A.K. Parker & J. Reid
- Règne : Fungi
- Embranchement : Ascomycota
- Classe : Leotiomycetes
- Ordre : Helotiales
- Famille : Cenangiaceae
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Liste partielle des synonymes :
- Rhabdocline pseudotsugae subspecies epiphylla Parker & Reid (now R. epiphylla)
- Rhabdocline weirii subspecies oblonga Parker & Reid (now R. oblonga)
- Rhabdocline weirii subspecies obovata Parker & Reid (now R. obovata)
- Rhabdocline weirii subspecies weirii Parker & Reid (now R. weirii)
- Rhabdogloeum hypophyllum (former name for the conidial state of R. epiphylla)
Renseignements généraux et importance
Le rouge du Douglas est une maladie foliaire causée par cinq espèces de rouge étroitement apparentées. La maladie est spécifique à son hôte, le douglas, là où elle est naturellement présente dans l'ouest de l'Amérique du Nord. Elle provoque également la défoliation des plantations d'arbres de Noël en douglas là où elles sont établies ailleurs en Amérique du Nord. Des taches jaunes sur les aiguilles de l'année en cours sont le premier signe d'infection, suivies par des plaques rouge-orange de décoloration des aiguilles et du rouge des aiguilles. Des infections graves et récurrentes dans les jeunes arbres du sous-étage peuvent entraîner la défoliation de toutes les aiguilles, sauf celles de l'année en cours.
Aire de répartition et hôtes
En Amérique du Nord, les cinq espèces de Rhabdocline sont endémiques dans l'ouest du Canada (Colombie-Britannique et ouest de l'Alberta) et dans l'ouest des États-Unis. Elles suivent la répartition naturelle des deux variétés de leurs hôtes, le douglas bleu (Pseudotsuga menziesii var. glauca et le douglas vert P. menziesii var. menziesii).
Dans l'est de l'Amérique du Nord (Ontario, Nouveau-Brunswick et Nouvelle-Écosse), Rhabdocline pseudotsugae et R. oblonga sont les espèces introduites les plus rencontrées dans les plantations d'arbres de Noël en douglas. Rhabdocline pseudotsugae est également l'espèce la plus commune en Europe, où elle a été introduite au début du 20e siècle en même temps que son hôte. Elle s'est maintenant établie dans les plantations de douglas de quatorze pays européens.
Parties de l'arbre affectées
Le rouge du douglas provoque un brunissement et une chute prématurée du feuillage.
Symptômes et signes
Le rouge du douglas est causé par cinq espèces de champignons étroitement liées, qui provoquent toutes des symptômes et des signes similaires. Ils diffèrent par leurs caractéristiques microscopiques, leur localisation sur les aiguilles et, dans une certaine mesure, leur aire de répartition. Les arbres fortement infectés présentent un feuillage jaunissant et une couronne clairsemée. Les petits arbres du sous-étage peuvent ne conserver que les aiguilles de l'année en cours.
Les premiers symptômes de l'infection sont des taches foliaires jaune pâle. Elles mesurent 1 à 2 millimètres de diamètre et s'assombrissent pour devenir brun-rougeâtre au fur et à mesure que les corps fructifères qu'elles contiennent mûrissent. Une défoliation sévère donne des arbres au feuillage chlorotique et aux couronnes ouvertes. Seules les aiguilles de l'année en cours restent sur l'arbre.
Les apothécies de R. pseudotsugae sont orange à brun rougeâtre et hypophylles (fructification sur la face inférieure) des aiguilles âgées d'un an. Elles ne dépassent pas en largeur au-delà de la nervure centrale de l'aiguille et sont légèrement surélevées par rapport à la surface de l'aiguille lorsqu'elles sont mûres et humides. Elles sont grossièrement circulaires, mesurent de 0,5 à 10 par 0,3 à 0,6 millimètres, et se développent sous l'épiderme de l'aiguille, en l'ouvrant et en soulevant un rabat pour exposer la couche hyméniale. Cette couche est constituée d'une palissade serrée d'asques et de paraphyses (hyphes stériles). Les asques comptent 8 spores, sont en forme de massue, et mesurent 120 à 160 micromètres sur 16 à 22 micromètres. Ils se rétrécissent légèrement au niveau de l'apex aplati, qui ne se colore pas à l'iode. L'extrémité de l'asque s'ouvre par une fente pour libérer les spores. Les paraphyses sont septées, mesurent jusqu'à 2,5 micromètres de large, sont légèrement gonflées à l'extrémité et sont plus grandes que les asques. Elles s'étendent au-delà des asques pour former une fine couche de couverture (épithécie). Les ascospores sont initialement hyalines (incolores), unicellulaires, oblongues et légèrement rétrécies au milieu. Elles finissent par développer un septum, dont l'une des cellules devient brun foncé. Les ascospores mesurent 13 à 19 micromètres sur 5 à 8 micromètres et sont enveloppées dans une gaine gélatineuse épaisse.
Rhabdocline epiphylla est très similaire à R. pseudotsugae, sauf que la plupart des apothécies sont épiphylles (formées sur la surface supérieure de l'aiguille) et que ses paraphyses sont plus larges, jusqu'à 10 micromètres de diamètre.
Rhabdocline obovata est similaire en apparence à R. weirii mais produit des apothécies sur des aiguilles plus âgées (2 ans et plus) et ne produit pas d'état conidien. Ses apothécies portent des asques avec des pores apicaux qui se colorent à l'iode. Il diffère par la morphologie des ascospores, produisant des ascospores obovales (ovales avec une extrémité légèrement plus large que l'autre), mesurant 16 à 22 micromètres sur 6 à 9 micromètres.
Rhabdocline oblonga est également similaire à R. weirii, avec un pore de l'asque bleuissant dans l'iode, mais elle n'a pas d'état conidien et produit des apothécies rectangulaires qui poussent sur toute la largeur de l'aiguille (aucune autre espèce de Rhabdocline ne fait cela). Contrairement aux autres espèces, les ascospores brunissent lorsqu'elles sont encore dans l'asque.
| Caractéristiques morphologiques | |||||
|---|---|---|---|---|---|
| Espèce | Apothécies principalement épiphylles | Apothécies hypophylles | Asque avec des pores bleutés à l'iode | Apothécies rectangulaires | Autres caractéristiques |
| R. pseudotsugae | Absentes | Présentes | Absente | Absentes | Sans objet |
| R. epiphylla | Présentes | Absentes | Absente | Absentes | Paraphyses à pointes gonflées |
| R. weirii | Absentes | Présentes | Présente | Absentes | Stade conidien présent |
| R. oblonga | Absentes | Présentes (sur toute la largeur de l'aiguille) | Présente | Présentes | La cellule de l'ascospore devient brune lorsqu'elle est dans l'asque |
|
R. obovata |
Absentes | Présentes (de chaque côté de la nervure médiane de l'aiguille) | Présente | Absentes | Ascospores obovales, sur aiguilles de 2 ans et plus |
En plus des espèces pathogènes de Rhabdocline associées au rouge du Douglas, une espèce endophyte, R. parkeri, colonise de manière asymptomatique le feuillage vivant du douglas. Elle fructifie abondamment sur les galles d'aiguilles causées par Contarinia, une mouche diptère, et sur les aiguilles mortes dans la litière de feuilles, mais pas sur les aiguilles vivantes attachées à des arbres exempts de galles. Ses minuscules apothécies, d'un diamètre inférieur à 0,5 millimètre, produisent des ascospores beaucoup plus petites, mesurant 10 à 13 micromètres sur 4,5 à 5 micromètres.
Rhabdocline laricis est un pathogène des aiguilles de mélèze qui se reproduit uniquement par conidies. Il ne produit pas d'apothécies.
Cycle de la maladie
Les années où les niveaux d'infection sont élevés sont le résultat de conditions météorologiques favorables pendant la période d'infection, soit un temps chaud et humide. Les asques se rompent pour éjecter de force les ascospores des apothécies sur les aiguilles infectées d'un an ou plus, encore attachées aux branches. La période d'infection peut durer plusieurs semaines. Les ascospores sont ensuite disséminées par le vent. Elles germent si elles tombent sur des aiguilles tendres, nouvellement émergées, en cours d'élongation, dans des conditions humides. Le tube germinatif pénètre la cuticule et le champignon colonise l'aiguille. Seules les nouvelles pousses de printemps sont sujets à être infectées. Au fur et à mesure que le champignon colonise l'aiguille, une tache jaunâtre, puis orange à rouge-orange se forme. À la fin du printemps et en été, les apothécies se développent sous l'épiderme dans ces taches. Au fur et à mesure de leur croissance et de leur gonflement, l'épiderme qui les recouvre se fend et est repoussé pour exposer l'hyménium. Une fois que l'apothécie a fini de libérer les ascospores, l'apothécie devient brun foncé à noir et l'aiguille tombe.
Dommages
Les infections persistantes et graves peuvent défolier presque complètement les arbres, seule une petite touffe d'aiguilles de l'année en cours restant sur les branches. Cela entraîne une perte de vigueur de l'arbre et une réduction de sa croissance. Les arbres de sous-étage et les plantations d'arbres de Noël sont particulièrement vulnérables à l'exposition à l'inoculum provenant d'arbres infectés de l’étage malades situés à proximité. Les forêts pures de douglas sont plus sensibles aux infestations graves que les forêts mixtes. Le douglas bleu a tendance à développer des symptômes plus graves que les douglas vert, en particulier lorsqu'ils sont plantés hors site dans les zones côtières. Dans les forêts naturelles de la Colombie-Britannique, les dommages graves ne se produisent que dans les régions plus sèches du sud de la province. Les fortes brûlures des aiguilles peuvent entraîner des pertes économiques substantielles dans les plantations d'arbres de Noël en raison de la décoloration du feuillage. Pour cette raison, il n'est pas recommandé de planter des lots de semences exportés du centre de la Colombie-Britannique dans des régions telles que l'Europe centrale, où les conditions favorisent les infections du rouge.
Prévention et répression
Les stratégies de répression d’un ravageur particulier varient suivant plusieurs facteurs, notamment :
- le niveau de la population du ravageur (c'est-à-dire le nombre de ravageurs présents sur l'hôte ou les hôtes affectés);
- les dommages prévus ou toute autre conséquence négative résultant de l'activité du ravageur et du niveau de sa population sur l'hôte, les biens ou l'environnement;
- la compréhension du cycle de vie du ravageur, de ses divers stades de développement, de même que des divers agents biotiques et non biotiques qui affectent les niveaux de ses populations;
- le nombre de spécimens hôtes individuels touchés (un seul arbre hôte, un petit groupe d’arbres hôtes, une plantation, une forêt);
- la valeur attribuée à l'hôte ou aux hôtes compte tenu des coûts rattachés aux approches de lutte contre le ravageur;
- la prise en considération des diverses approches de lutte de nature sylvicole, mécanique, chimique, biologique et naturelle, de même que de les avantages et désavantages de chacune.
L’acquisition d’information sur chacun de ses facteurs est nécessaire aux prises de décisions relatives à l’application de l’une ou l’autre des stratégies de lutte contre un ravageur. Ces facteurs devront être soigneusement mis en balance par rapport aux coûts et avantages avant qu'on entreprenne toute action contre un ravageur particulier.
La vulnérabilité au rouge du douglas varie considérablement d'un arbre à l'autre. Lors des programmes d’éclaircissement, les arbres présentant des niveaux chroniques élevés de maladie doivent être sélectionnés pour être éliminés. Les graines devraient être récoltées sur des arbres qui présentent une certaine résistance les années où l'inoculum de la maladie est élevé. Les plantations d'arbres de Noël en dehors de l'aire de répartition naturelle du douglas doivent être créées à partir de plants de pépinières exempts de maladies. Dans les pépinières, la lutte chimique peut être réalisée à l'aide de chaux-soufre au moment du débourrement et répétée à des intervalles de 7 à 10 jours au fur et à mesure que les aiguilles se développent.
Les pesticides homologués pour être utilisés contre le rouge du Douglas dans des situations particulières peuvent changer d'une année à l'autre. Ainsi, pour connaître les produits actuellement homologués et pour obtenir des renseignements quant à leur usage contre le rouge du Douglas, veuillez consultez la base de données Information sur les produits antiparasitaires de Santé Canada. Tout produit homologué devrait être appliqué en fonction de la taille de la population et seulement lorsque nécessaire et au stade de vie indiqué. Il est recommandé également de consulter un professionnel local en arboriculture. Les pesticides peuvent être toxiques pour les humains, les animaux, les oiseaux, les poissons et d’autres insectes utiles. Veuillez, par conséquent, appliquer les produits homologués uniquement en cas de besoin et conformément aux indications inscrites sur l’étiquette du fabricant. Dans certaines juridictions et dans certaines situations, seul un professionnel autorisé peut appliquer des pesticides. Il est recommandé de consulter les autorités locales compétentes pour déterminer les réglementations locales en vigueur.
Photos
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