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Diprion du pin sylvestre

Renseignements généraux et importance

Le diprion du pin sylvestre est un insecte introduit au Canada. Il est originaire des forêts du nord de l’Eurasie. Sa découverte en Amérique du Nord remonte à 1925 au New Jersey (États-Unis). Cependant, ce n’est qu’en 1937 qu’on l’a identifié en tant qu’insecte introduit. À cette époque, il était déjà largement répandu, ce qui faisait croire qu’il a vraisemblablement été introduit bien plus tôt que l’on ne le pensait. Les difficultés liées à l’identification de ce groupe de diprions ont contribué à cette inattention. Le diprion du pin sylvestre a été observé au sud-ouest de l’Ontario en 1939 et, au cours des trois décennies suivantes, il s’est établi un peu partout dans le sud de l’Ontario et dans des régions localisées des provinces de l’Atlantique. Plus récemment, des introductions ont eu lieu sur la côte sud de la Colombie-Britannique. Les plus importants dommages ont été signalés dans les plantations de pins et sur des arbres ornementaux et urbains isolés.

La dénomination commune des diprions, soit « mouches à scie », fait référence à l’ovipositeur en forme de scie dont l’adulte femelle se sert pour couper des entailles sur le feuillage de l’arbre hôte pour y déposer ses œufs. En l’absence de fécondation, les œufs produisent des mâles. Les diprions adultes ressemblent aux abeilles et aux guêpes aux ailes membraneuses qui leur sont apparentées. Ils s’en distinguent par une « taille » plus large entre le thorax et l’abdomen.

Aire de répartition et hôtes

Le diprion du pin sylvestre est originaire du nord de l’Eurasie, allant d’Europe jusqu’en Corée et au Japon. Il a été introduit dans le nord-est des États-Unis et s’est propagé vers l’ouest pour atteindre les États des Grands Lacs. Des populations localisées ont d’ailleurs été signalées jusqu’au Montana à l’ouest et au Kentucky au sud. Il est présent un peu partout dans le sud de l’Ontario et on a détecté sa présence de manière intermittente dans des plantations au nord et à l’ouest. Des populations localisées s’observent également dans les provinces de l’Atlantique — y compris l’île de Terre-Neuve — et sur la côte sud de la Colombie-Britannique.

En Amérique du Nord, les principaux hôtes sont la plupart des pins durs de toute classe d’âge (deux à trois aiguilles par fascicule). Les hôtes comprennent des espèces de pin introduites en Amérique du Nord, dont le pin sylvestre (Pinus sylvestris), le pin noir d’Autriche (P. nigra) et le pin mugo (P. mugo), ainsi que des espèces indigènes du Canada, dont le pin gris (P. banksiana), le pin rouge (P. resinosa), le pin rigide (P. rigida), le pin tordu latifolié (P. contorta) et le pin ponderosa (P. ponderosa). Des dommages provoqués par l’alimentation du diprion sont parfois observés sur le pin blanc (P. strobus). Les données recueillies sur le terrain laissent entendre que le diprion se développe le mieux sur le pin sylvestre, son principal hôte en Eurasie.

Parties de l'arbre affectées

L’insecte s’alimente de préférence sur les vieilles aiguilles de l’arbre hôte.

Symptômes et signes

Les larves du diprion du pin sylvestre présentent une ressemblance superficielle avec les larves (chenilles) de papillons de nuit et de papillons. Les deux groupes ont trois paires de pattes segmentées sur leur thorax et un nombre variable de fausses pattes non segmentées (prolongements charnus ressemblant à des pattes) sous leurs segments abdominaux. Les larves du diprion se distinguent de celles-ci, car elles n’ont aucune fausse patte ou, plus communément, six paires de fausses pattes ou plus sous leurs segments abdominaux. Les chenilles ont cinq paires de fausses pattes ou moins. Des variations et des chevauchements importants dans l’apparence des espèces apparentées de diprion rendent l’identification difficile, à moins que les caractéristiques puissent être observées sur plusieurs stades de vie.

Les œufs sont brun jaunâtre et sont déposés à un espacement régulier dans des fentes pratiquées le long de l’aiguille. Les larves qui en émergent au printemps suivant s’alimentent de façon grégaire sur une partie des aiguilles, laissant derrière des aiguilles distinctement desséchées et partiellement dévorées. Les jeunes larves sont d’une longueur de 3 à 4 millimètres, le corps est vert-grisâtre et la tête est noir luisant. À mesure que les larves se développent, elles se rassemblent en colonies nettement évidentes pour s’alimenter et dévorent la totalité des aiguilles, ne laissant que les gaines. Il en résulte des touffes desséchées et enroulées sur les branches et les rameaux. Les nouvelles pousses ne sont pas consommées à moins que les populations ne soient très élevées, ce qui donne aux cimes d’arbres une apparence de brosse à bouteille. Les larves matures atteignent une longueur de 18 à 25 millimètres. La tête est noire et le corps est vert grisâtre avec plusieurs bandes longitudinales claires et sombres. Sur chacun des huit segments abdominaux, on y trouve une paire d’anneaux et de fausses pattes tachetés de noir. Lorsque dérangées, les larves adoptent souvent une position défensive caractéristique avec la tête recourbée au-dessus du corps. Au stade de prépupe, l’insecte est brun à brun rosâtre. Les cocons sont de forme cylindrique et de couleur brun foncé. Les adultes femelles atteignent une longueur de 7 à 11 millimètres. La tête et le corps sont jaune brunâtre-rougeâtre et les yeux et le pronotum (partie du thorax la plus près de la tête) sont plus foncés. Les antennes — longues et facilement observables — sont sombres et dentelées chez les femelles et « plumeuses » chez les mâles.

Cycle de vie

Le diprion du pin sylvestre produit une génération par année. La femelle adulte pond ses œufs en automne et les dépose avec un espacement régulier dans des fentes pratiquées le long d’une aiguille de pin. Le développement se poursuit jusqu’au stade embryonnaire, puis est suspendu pendant l’hiver. La teneur en humidité des tissus des aiguilles de l’arbre hôte semble essentielle à ce stade et pourrait déterminer les arbres qui conviennent le mieux au diprion. Le développement reprend au printemps. L’éclosion des œufs a lieu au mois de mai, en fonction des températures locales et saisonnières. Les jeunes larves se rassemblent en groupes et se déplacent vers l’extrémité des aiguilles pour s’alimenter sur les tissus les plus tendres, tout en évitant les nervures centrales et les œufs restants. Les larves issues d’une même grappe d’œufs demeurent ensemble pendant la durée de la période d’alimentation. De la fin juin jusqu’en juillet, les larves matures tissent des cocons sur l’arbre ou dans les couches supérieures du sol à la base de l’arbre hôte. Une fois le cocon tissé, les larves subissent une mue et deviennent moins mobiles, pour ensuite entrer en dormance physiologique (diapause) pour le reste de l’été. Dans certaines situations, la dormance peut se prolonger sur une autre saison. Le développement reprend à la fin de l’été, alors que les adultes émergent de leurs cocons, s’accouplent et pondent des œufs.

Dommages

Au Canada, on considère le diprion du pin sylvestre comme un ravageur peu important, avec des signalements d’infestations locales et occasionnelles. Les arbres hôtes de toute classe d’âge y sont vulérables, mais les dommages les plus importants sont sur les pins de petite dimension dans les plantations ou les pépinières, les propriétés forestières de production d’arbres de Noël et les plantations d’ornement. La mortalité de l’arbre est peu fréquente, mais la forme peut être compromise. À moins que les infestations ne soient prononcées, la plupart des dommages se limiteront au vieux feuillage et les nouvelles pousses ne seront pas atteintes. Il est rare qu’une défoliation considérable se produise sur plusieurs années.

Prévention et répression

Des infestations entraînant des dommages importants sont moins fréquentes que signalées auparavant et sont plus susceptibles de se produire dans des environnements localisés, par exemple les propriétés forestières de production de pins de Noël, les pépinières et les plantes ornementales. Bien souvent, des colonies de larves nettement observables peuvent être enlevées à la main et détruites lorsqu’il s’agit d’un petit nombre d’arbres de petite dimension.

Malgré le fait que le diprion du pin sylvestre soit un insecte introduit, il se voit attaqué par bon nombre de prédateurs naturels indigènes, notamment les parasitoïdes s’attaquant aux larves et aux cocons, ainsi que les insectes prédateurs, les oiseaux et les petits mammifères. La prédation des cocons dans le sol par les petits mammifères est considérée comme un facteur majeur tant dans l’aire de répartition indigène qu’introduite du diprion. Une étude sur la prédation du diprion (N. sertifer) par les petits mammifères, réalisée par l’écologiste canadien, C.S. Holling, est l’une des publications les plus réputées et fréquemment citées dans le domaine de l’écologie animale.

De nombreux parasitoïdes d’origine européenne ont été introduits au Canada en tant qu’agents de lutte biologique, le plus efficace étant l’espèce de guêpe, Pleolophus basizonus. Un virus de la polyédrose nucléaire propre au diprion du pin sylvestre a aussi été importé d’Europe et déployé en tant qu’agent de lutte. Il s’est révélé efficace pour réduire les fortes populations de diprions. Une fois les populations réduites dans une région donnée, le virus ne persiste pas. L’introduction de prédateurs naturels et la poursuite du développement du virus ont pris fin en 1980, car les populations de diprions au Canada entraînant des dommages importants sont devenues rares.

Les stratégies de répression d’un ravageur particulier varient suivant plusieurs facteurs, notamment :

L’acquisition d’information sur chacun de ces facteurs est nécessaire aux prises de décisions relatives à l’application de l’une ou l’autre des stratégies de lutte contre un ravageur. Ces facteurs devront être soigneusement mis en balance par rapport aux coûts et avantages avant qu’on entreprenne toute action contre un ravageur particulier.

Les pesticides homologués pour lutter contre le diprion du pin sylvestre dans des situations particulières peuvent changer d’une année à l’autre. Ainsi, pour connaître les produits actuellement homologués et pour obtenir des renseignements quant à leur usage contre ce ravageur, veuillez consulter la base de données Information sur les produits antiparasitaires de Santé Canada. Tout produit homologué devrait être appliqué en fonction de la taille de la population et seulement lorsque nécessaire et au stade de vie indiqué. Il est recommandé également de consulter un professionnel local en arboriculture. Les pesticides peuvent être toxiques pour les humains, les animaux, les oiseaux, les poissons et d’autres insectes utiles. Veuillez, par conséquent, appliquer les produits homologués uniquement en cas de besoin et conformément aux indications inscrites sur l’étiquette du fabricant. Dans certaines juridictions et dans certaines situations, seul un professionnel autorisé peut appliquer des pesticides. Il est recommandé de consulter les autorités locales compétentes pour déterminer les réglementations locales en vigueur.

Photos

Gros plan d'une larve mature de diprion du pin sylvestre (vue latérale) sur une aiguille de pin gris.
Cocons de diprion du pin sylvestre : le plus grand contient une femelle; le plus petit contient un mâle.
Œufs de diprion du pin sylvestre pondus dans des fentes pratiquées dans les aiguilles de pin sylvestre. Les œufs sont pondus à l'automne.
Gros plan d'une colonie de larves de diprion du pin sylvestre se nourrissant de manière grégaire d'aiguilles de pin. Toutes les aiguilles ont été rongées près de leur base.
Plusieurs cocons de diprion du pin sylvestre sur un rameau de pin.
Pousse de pin mugo avec des aiguilles de deuxième année défoliées par les larves de diprion du pin sylvestre.
Un mâle adulte nouvellement émergé de diprion du pin sylvestre à côté de son cocon.
Larves matures de diprion du pin sylvestre observées sous trois perspectives : ventrale (larve de gauche), dorsale (larve du milieu) et latérale (larve de droite).
Aiguilles séchées caractéristiques, partiellement consommées, résultant de l'alimentation des larves de diprion du pin sylvestre aux premier et deuxième stades. Ces aiguilles sont celles où les œufs de diprion ont été pondus l'année précédente.
Colonie de larves de diprion du pin sylvestre se nourrissant des aiguilles de pin de deuxième année.
Femelle adulte du diprion du pin sylvestre au repos sur une aiguille de pin.
Mâle adulte du diprion du pin sylvestre au repos sur une aiguille de pin.
Larve mature de diprion du pin sylvestre (vue latérale) dans une posture défensive caractéristique sur un rameau de pin sylvestre défoliée.
Œufs de diprion du pin sylvestre pondus dans des fentes pratiquées dans une aiguille de pin. Les œufs sont pondus à l'automne.
Larves matures de diprion du pin sylvestre se nourrissant de manière grégaire d'aiguilles de pin sylvestre.

Références sélectionnées

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Citer cette fiche

Nealis, V.G. 2024. Diprion du pin sylvestre. Dans J.P. Brandt, B.I. Daigle, J.-L. St-Germain, A.C. Skinner, B.C. Callan et V.G. Nealis, éditeurs. Arbres, insectes, acariens et maladies des forêts du Canada. Ressources naturelles Canada, Service canadien des forêts, Administration centrale. Ottawa, Ontario.