Choristoneura lambertiana
- Nom commun anglais : Western pine budworm
- Nom scientifique : Choristoneura lambertiana (Busck)
- Règne : Animalia
- Embranchement : Arthropoda
- Classe : Insecta
- Ordre : Lepidoptera
- Famille : Tortricidae
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Liste partielle des synonymes :
- Tortrix lambertiana Busck
Renseignements généraux et importance
Choristoneura lambertiana est un insecte forestier qui se nourrit de pins et qui est étroitement apparenté à la tordeuse des bourgeons de l'épinette. Il est originaire d'Amérique du Nord et est le seul membre du groupe d'espèces de tordeuses à se nourrir de pins à l'ouest des montagnes Rocheuses. Une grande variation de couleur chez les papillons de C. lambertiana a entraîné une confusion précoce dans la dénomination de diverses sous-espèces en fonction des caractéristiques locales. Des analyses génétiques récentes suggèrent que C. lambertiana est suffisamment spécifique pour être considérée comme une espèce distincte, mais il existe de nombreuses preuves de croisements et d'hybridations entre d'autres espèces de tordeuses dans la région occidentale.
Les populations de C. lambertiana peuvent devenir localement suffisamment abondantes pour provoquer une défoliation notable des arbres, mais aucune infestation de grande ampleur, caractéristique des espèces apparentées de tordeuses, n'a été signalée. En raison de l'absence de dommages récurrents et importants aux arbres causés par cette espèce, beaucoup moins d’attention a été portée à la biologie et à l'écologie de C. lambertiana comparativement aux autres tordeuses du groupe.
Aire de répartition et hôtes
Une analyse génétique récente révèle une répartition plus étendue de C. lambertiana et distingue deux formes associées à des hôtes de pins différents et à leurs aires de répartition. La forme du nord est présente de l'ouest de la Saskatchewan jusqu'au nord et au centre des montagnes Rocheuses, à l'est jusqu'au centre de l'Oregon. La forme du nord se nourrit principalement de pin tordu latifolié (Pinus contorta) à des altitudes plus élevées et, dans une moindre mesure, de pin gris (P. banksiana) aux extrémités est de l'aire de répartition de ce dernier pin. La forme la plus commune du sud se trouve depuis la côte sud de la Colombie-Britannique vers l'est en passant par la chaîne des Cascades et la région du Grand Bassin aux États-Unis jusqu'aux montagnes Rocheuses. Elle s'étend jusqu'au Nouveau-Mexique au sud, avec des populations fragmentées en Californie. Les diverses populations de la forme du sud se nourrissent d'une plus grande variété de pins, notamment le pin à sucre (P. lambertiana), le pin ponderosa (P. ponderosa), le pin tordu latifolié, le pin flexible (P. flexilis), le pin de Washoe (P. washoensis) et le pin de Jeffrey (P. jeffreyi).
Parties de l'arbre affectées
Bourgeons et aiguilles de l'année en cours, et surtout les cônes immatures de pollen et de graines.
Symptômes et signes
Les œufs sont vert pâle et pondus en grappes superposées sur des aiguilles. Les œufs isolés de C. lambertiana sont les plus gros du groupe des tordeuses des bourgeons de l'épinette (plus de 0,2 milligramme). Les larves au stade final mesurent jusqu'à 18 millimètres de longueur. Les motifs de la tête et du bouclier thoracique des larves sont nettement plus clairs que ceux des espèces de tordeuses des bourgeons de l'épinette et du sapin, avec des motifs bruns sur un fond brun rougeâtre à jaunâtre. La couleur de la tête est similaire chez les deux sexes, mais le bouclier thoracique des larves femelles est nettement plus clair que celui des larves mâles. Le corps est brun rougeâtre à rouille pâle. Le dos de chaque segment abdominal est marqué de deux paires de taches pâles. Les pupes des deux sexes sont d'abord jaunâtres et s'assombrissent à mesure que leur cuticule durcit. Les ailes antérieures des papillons adultes mesurent 9 à 10 millimètres de long et sont 2,5 fois plus longues que larges. La couleur de base des ailes antérieures est brun rougeâtre à rouge brique, avec des bandes blanchâtres communes aux deux sexes.
Les larves précoces et de petite taille de C. lambertiana endommagent les bourgeons et les cônes de pollen de début de saison. Ces dommages ne sont toutefois visibles qu'après une inspection minutieuse. Plus tard, les larves de plus grande taille construisent des abris protecteurs pour se nourrir en attachant les aiguilles ensemble avec de la soie. La combinaison de la toile et des aiguilles endommagées est visible sur toute la cime de l'arbre. Lorsque les aiguilles endommagées sèchent au milieu de l'été, la cime de l'arbre devient rouge. Ce changement d'apparence peut se produire rapidement dans les forêts sèches de l'intérieur. Si la défoliation persiste pendant plusieurs années, la cime de l'arbre s'éclaircit et les branches peuvent mourir.
Cycle de vie
Choristoneura lambertiana est l'un des insectes les moins connus du groupe des espèces de tordeuses des bourgeons de l'épinette. La description suivante de son cycle biologique est largement basée sur le cycle biologique bien connu qui est commun à d'autres espèces de tordeuses du groupe.
Choristoneura lambertiana produit une génération par an, avec un cycle biologique pouvant durer 2 ans dans les régions nordiques et à haute altitude. Les adultes pondent leurs œufs sur les aiguilles des arbres hôtes en juillet et en août. Chaque grappe peut contenir jusqu'à plusieurs douzaines d'œufs, avec une moyenne de 22 œufs par masse d'œufs. Les œufs éclosent en 9 à 13 jours. Les larves du premier stade ne se nourrissent pas. Elles s'installent dans des endroits abrités sur l'arbre hôte où elles muent et hivernent au stade de larve du deuxième stade. Ces larves émergent au printemps avant que les bourgeons de l'année en cours ne soient disponibles et exploitent les cônes de pollen avant de construire des abris pour se nourrir autour des pousses en développement. Les larves se nourrissent pendant 4 à 6 semaines. La pupaison a lieu sur l'arbre hôte, généralement dans le site d'alimentation final. La période de pupaison dure environ 2 semaines. Les femelles fraîchement émergées émettent une phéromone qui attire les mâles pour s'accoupler. Les deux sexes volent bien.
Dommages
Les infestations de grande ampleur de C. lambertiana sont rares. En fait, elles sont si rares que les relevés généraux ont du mal à trouver de nombreux spécimens. Néanmoins, les populations locales peuvent atteindre des densités très élevées sur quelques arbres seulement, causant des dommages importants. Ces épisodes de défoliation sont de courte durée et les arbres se rétablissent. Choristoneura lambertiana se nourrit également de cônes de pollen et de cônes de graines immatures, ce qui peut causer des dommages importants dans les vergers à graines. Cependant, aucun cas de ce type n'a été signalé.
Prévention et répression
Les stratégies de répression d’un ravageur particulier varient suivant plusieurs facteurs, notamment :
- le niveau de la population du ravageur (c'est-à-dire le nombre de ravageurs présents sur l'hôte ou les hôtes affectés);
- les dommages prévus ou toute autre conséquence négative résultant de l'activité du ravageur et du niveau de sa population sur l'hôte, les biens ou l'environnement;
- la compréhension du cycle de vie du ravageur, de ses divers stades de développement, de même que des divers agents biotiques et non biotiques qui affectent les niveaux de ses populations;
- le nombre de spécimens hôtes touchés (un seul arbre hôte, un petit groupe d’arbres hôtes, une plantation, une forêt);
- la valeur attribuée à l'hôte ou aux hôtes compte tenu des coûts rattachés aux approches de lutte contre le ravageur;
- la prise en considération des diverses approches de lutte de nature sylvicole, mécanique, chimique, biologique et naturelle, de même que de les avantages et désavantages de chacune.
L’acquisition d’information sur chacun de ces facteurs est nécessaire aux prises de décisions relatives à l’application de l’une ou l’autre des stratégies de lutte contre un ravageur. Ces facteurs devront être soigneusement mis en balance par rapport aux coûts et avantages avant qu’on entreprenne toute action contre un ravageur particulier.
L’absence d’infestations importantes et prolongées dans les grandes zones forestières commerciales a fait qu’il n’est pas vraiment nécessaire d’adopter une stratégie de répression pour C. lambertiana. Des méthodes bien développées pour surveiller les populations d’autres espèces de tordeuses pourraient vraisemblablement être appliquées directement aux populations de C. lambertiana, si cela s’avérait nécessaire. Ces méthodes comprennent la pose de pièges à phéromones et l’échantillonnage des masses d’œufs, des larves hivernantes ou de l’alimentation des larves. Des méthodes étalonnées pour évaluer les niveaux de dommages causés par d’autres tordeuses pourraient probablement être appliquées aussi.
Les phéromones et les pesticides sont définis comme des produits antiparasitaires et sont réglementés au Canada. Les phéromones et les pesticides homologués pour lutter contre C. lambertiana dans des situations particulières peuvent changer d'une année à l'autre. Ainsi, pour connaître les produits actuellement homologués et pour obtenir des renseignements quant à leur usage contre ce ravageur, veuillez consulter la base de données Information sur les produits antiparasitaires de Santé Canada. Tout produit homologué devrait être appliqué en fonction de la taille de la population et seulement lorsque nécessaire et au stade de vie indiqué. Il est recommandé également de consulter un professionnel local en arboriculture. Les pesticides peuvent être toxiques pour les humains, les animaux, les oiseaux, les poissons et d’autres insectes utiles. Veuillez, par conséquent, appliquer les produits homologués uniquement en cas de besoin et conformément aux indications inscrites sur l’étiquette du fabricant. Dans certaines juridictions et certaines situations, seul un professionnel autorisé peut appliquer des pesticides. Il est recommandé de consulter les autorités locales compétentes pour déterminer les réglementations locales en vigueur.
Photos
Références sélectionnées
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