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Pamphile introduit du pin

Renseignements généraux et importance

Originaire d’Europe et d’Asie, le pamphile introduit du pin est une espèce de tenthrède introduite. Lors de son introduction initiale au Canada, le pamphile n’était qu’un ravageur important chez les jeunes plantations de pins, les plantations d’arbres de Noël et les pins d’ornement sur des sites paysagers. Au cours des années 1990, des infestations se sont produites dans des plantations bien établies de pins rouges (Pinus resinosa) et de pins blancs (P. strobus) en Ontario et dans l’État de New York. Ces infestations ont provoqué d’importants dommages.

Le nom commun des tenthrèdes, soit « mouches à scies », renvoie à l’ovipositeur en forme de scie dont l’adulte femelle se sert pour déposer ses œufs. Les tenthrèdes adultes ressemblent aux abeilles et aux guêpes aux ailes membraneuses qui leur sont apparentées. Elles s’en distinguent par une « taille » plus large entre le thorax et l’abdomen.

Aire de répartition et hôtes

Le premier signalement de l’insecte en Amérique du Nord remonte à 1925 en Pennsylvanie. Depuis, il s’est propagé un peu partout dans le nord-est des États-Unis et les États des Grands Lacs. Au Canada, on a signalé la présence du pamphile introduit du pin pour la première fois en Ontario en 1961. On le trouve actuellement un peu partout dans le centre et le sud de l’Ontario et à quelques endroits dans le nord de la province. On a également signalé sa présence ailleurs au Canada, dont à Edmonton et à Grande Prairie (Alberta), à St. John’s (Terre-Neuve-et-Labrador) et au sud du Québec. L’insecte est originaire d’Europe et d’Asie, où il s’alimente sur plusieurs espèces de pin à deux aiguilles et à cinq aiguilles. Au Canada, le pamphile introduit du pin s’alimente sur plusieurs espèces de pin indigènes : le pin rouge, le pin blanc et le pin gris (Pinus banksiana). Le pin tordu latifolié (P. contorta var. latifolia) et le pin ponderosa (P. ponderosa) ont aussi été défolié lorsqu’ils croissaient en association avec les autres espèces de pin susmentionnées. L’insecte s’alimente également sur plusieurs espèces de pin introduites : le pin rouge du Japon (P. densiflora), le pin mugo (P. mugo), le pin noir d’Autriche (P. nigra) et le pin sylvestre (P. sylvestris).

La pupaison et l’hivernage de l’insecte ont lieu dans le sol à la base de son hôte, de sorte que le transport des semis de pins et des jeunes arbres d’ornement enracinés est un mécanisme probable de propagation dans les régions du pays qui n’étaient pas infestés auparavant.

Parties de l'arbre affectées

Aiguilles

Symptômes et signes

Le stade adulte de cet insecte ailé se classifie parmi les tenthrèdes en raison de sa « taille » plus large entre le thorax et l’abdomen. Les mâles adultes sont entièrement noir ou noir bleuâtre, à l’exception de la face (c’est-à-dire, le front) et des pattes antérieures qui sont jaunes. Les femelles adultes sont plus grandes que les mâles, et sont aussi noires ou noir bleuâtre. Elles ont la tête rouge, les yeux sont noirs et les pattes antérieures sont rougeâtres. Durant la période d’accouplement, les adultes volent souvent dans les cimes des arbres hôtes, surtout lorsque les populations sont élevées. Les femelles déposent leurs œufs l’un à la suite de l’autre le long des aiguilles tout près des bourgeons. Lorsque pondus, les œufs sont d’abord jaunes, passant lentement à un vert brunâtre avant qu’ils éclosent. Les larves sont vert olive à vert brunâtre. Leur tête est jaune orangé parsemé de taches brunes et l’abdomen est marqué par des rayures rouge violacé qui s’étendent tout le long de l’abdomen. Les larves ont trois paires de pattes et deux courts appendices rattachés au dernier segment abdominal qui leur permettent de tisser des fils de soie et facilitent leur mouvement. Une fois rendues à maturité, elles atteignent une longueur de 15 à 20 millimètres. Elles créent des tubes soyeux ou des nids le long des branches et s’alimentent en fixant des fils de soie aux aiguilles; elles coupent les aiguilles, puis elles les tirent dans la toile. Les tubes se remplissent de fragments d’aiguilles, d’excréments et d’exuvies lors de la mue des larves. Lorsque les larves se trouvent à l’extérieur de leurs tubes de soie et sont perturbées, elles se retirent immédiatement à l’intérieur de celles-ci. Selon la disponibilité de nourriture, les larves plus âgées se dispersent et s’alimentent en solitaire à l’intérieur d’autres tubes soyeux qu’ils auront construits. Les larves s’alimentent principalement de vieilles aiguilles et ne s’attaquent au nouveau feuillage qu’après avoir dévoré tout le vieux feuillage.

Cycle de vie

Le pamphile introduit du pin produit une génération par année. L’insecte hiverne au stade larvaire dans des cellules de terre dans le sol à la base de son hôte. La transformation des larves en pupes se produit entre le début et la mi-mai. Entre le milieu et la fin du mois de mai, les adultes émergent du sol et s’accouplent. Les femelles pondent entre 30 à 40 œufs dans des grappes de 4 à 10. Les œufs sont déposés l’un à la suite de l’autre le long des aiguilles de l’année précédente, tout près des nouveaux bourgeons qui s’ouvrent. Les œufs éclosent au bout de 10 à 14 jours. Les larves nouvellement écloses se déplacent alors vers la base des aiguilles les plus proches du bourgeon en développement pour créer des tubes soyeux. Elles coupent d’abord les aiguilles voisines, puis les tirent dans les tubes pour s’alimenter. La période d’alimentation se termine généralement au bout de 21 à 28 jours — de la mi à la fin juin —, après quoi les larves matures tombent au sol et créent des cellules de terre dans les dix premiers centimètres du sol où elles passeront l’hiver. Une partie des larves a un développement retardé, dont la transformation en pupes et l’émergence des adultes se produisent après deux hivers.

Dommages

Pendant de nombreuses années, au Canada et aux États-Unis, le pamphile introduit du pin était généralement considéré comme étant un ravageur qui ne s’attaquait qu’aux jeunes arbres immatures et de petite taille, dont les plantations d’arbres de Noël, les plantes ornementales cultivés en plein champ et les arbres cultivés à des fins de boisement. Cette période s’étend de sa première introduction en Amérique du Nord jusqu’aux environs de 1993. Dans le cas des arbres de Noël et des plantes ornementales de plein champ, les principaux dommages se traduisent par un aspect esthétique déplaisant en raison de la défoliation, ainsi que l’aspect souvent inesthétique des toiles et des aiguilles rouges partiellement dévorées qui se retirent difficilement.

Le comportement alimentaire de l’insecte semble avoir changé autour de 1993, quand il a commencé à s’attaquer aux pins plus grands et semi-matures en Ontario, au Québec et dans le nord-est des États-Unis, soit chez le pin rouge, le pin blanc et le pin sylvestre (espèce non indigène). La raison d’un tel changement de comportement est méconnue. Même des niveaux d’alimentation faibles à modérés sur de jeunes arbres peuvent aboutir à des arbres de Noël et des pins ornementaux qui sont invendables. Dans un contexte forestier, une seule année de défoliation importante dans des plantations de pins semi-matures a été corrélée à la mortalité des arbres. Ce phénomène ne ferait qu’augmenter si la défoliation se produisait sur plusieurs années consécutives.

Dans son habitat d’origine en Europe et en Asie, le pamphile introduit du pin n’est pas considéré comme un ravageur très nuisible. Cependant, quelques infestations localisées ont été documentées.

Prévention et répression

Les stratégies de répression d’un ravageur particulier varient suivant plusieurs facteurs, notamment :

L’acquisition d’information sur chacun de ces facteurs est nécessaire aux prises de décisions relatives à l’application de l’une ou l’autre des stratégies de lutte contre un ravageur. Ces facteurs devront être soigneusement mis en balance par rapport aux coûts et avantages avant qu’on entreprenne toute action contre un ravageur particulier.

En Europe, de nombreux prédateurs et parasitoïdes naturels contribuent, de manière générale, à contrôler les populations de cet insecte. En Amérique du Nord, des travaux ont été entrepris dans le but d’étudier ces divers prédateurs et parasitoïdes en vue de leur introduction en tant qu’agents de lutte biologique classique contre cet insecte envahissant. Bien que le complexe parasitoïde soit plutôt riche en Europe, l’espèce la plus prometteuse pour la lutte biologique est la mouche tachinaire, Myxexoristops hertingi.

À son stade larvaire, le pamphile introduit du pin pose certains défis aux efforts de lutte antiparasitaire, car les tubes soyeux ou les nids où il passe la plupart de son temps à s’alimenter lui offrent un certain degré de protection. Les insecticides de contact peuvent s’avérer inefficaces lors des derniers stades larvaires en raison de la grandeur et de la compacité des nids. Si les populations sont suffisamment importantes pour justifier un contrôle, il est préférable d’appliquer des insecticides ayant une certaine activité résiduelle immédiatement avant l’éclosion des œufs, ou un à deux jours après. La surveillance des adultes (facilement reconnaissables et visibles) au mois de mai contribuera tant à déterminer le besoin que le moment d’application des insecticides, surtout dans le cas de la production d’arbres de Noël et des plantes ornementales cultivés au champ. Une décision quant au besoin d’appliquer un pesticide peut reposer sur un nombre élevé d’œufs facilement repérables sur les aiguilles. S’il y a au moins un lot d’œufs sur les aiguilles de la plupart des rameaux et des jeunes branches, on peut s’attendre à une défoliation modérée à grave.

Des essais réalisés au cours des années 1980 et 1990 sur des insecticides chimiques ont révélé que les insecticides les plus efficaces étaient ceux qui contenaient les ingrédients actifs de perméthrine et de carbaryl. Le diflubenzuron, soit un régulateur de croissance d’insectes, s’était aussi avéré efficace. Enfin, les insecticides à base de l’ingrédient actif d’azadirachtine — elle-même un dérivé de l’extrait naturel du margousier — se sont également révélés efficaces. Les pesticides homologués pour lutter contre le pamphile introduit du pin dans des situations particulières peuvent changer d’une année à l’autre. Ainsi, pour connaître les produits actuellement homologués et pour obtenir des renseignements quant à leur usage contre ce ravageur, veuillez consulter la base de données Information sur les produits antiparasitaires de Santé Canada. Tout produit homologué devrait être appliqué en fonction de la taille de la population et seulement lorsque nécessaire et au stade de vie indiqué. Il est recommandé également de consulter un professionnel local en arboriculture. Les pesticides peuvent être toxiques pour les humains, les animaux, les oiseaux, les poissons et d’autres insectes utiles. Veuillez, par conséquent, appliquer les produits homologués uniquement en cas de besoin et conformément aux indications inscrites sur l’étiquette du fabricant. Dans certaines juridictions et dans certaines situations, seul un professionnel autorisé peut appliquer des pesticides. Il est recommandé de consulter les autorités locales compétentes pour déterminer les réglementations locales en vigueur.

Photos

Accouplement d'adultes mâles et femelles du pamphile introduit du pin.
Six œufs de pamphile introduit du pin sur une aiguille de pin : les deux à gauche n'ont pas éclos; une petite larve émerge du troisième œuf en partant de la gauche; et les trois œufs à droite ont déjà éclos.
Larve de pamphile introduit du pin à l'extérieur de son nid de toile. Notez également les excréments de la larve et les aiguilles partiellement mangées.

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Citer cette fiche

Brandt, J.P. 2024. Pamphile introduit du pin. Dans J.P. Brandt, B.I. Daigle, J.-L. St-Germain, A.C. Skinner, B.C. Callan et V.G. Nealis, éditeurs. Arbres, insectes, acariens et maladies des forêts du Canada. Ressources naturelles Canada, Service canadien des forêts, Administration centrale. Ottawa, Ontario.