Dommages causés par les ongulés (bisons, cerfs, wapitis et orignaux)
Cause et renseignements généraux
Les ongulés sont de gros mammifères munis de sabots. Ils causent des dommages importants aux conifères et aux feuillus là où leurs prédateurs naturels, les loups et les coyotes, sont absents ou peu nombreux. Les ongulés causent des dommages en rongeant les jeunes pousses et les branches des arbres. Ils blessent également l’écorce des troncs d’arbres en la grattant avec leurs incisives et en la frottant avec leurs bois. Les semis d’arbres sont consommés lorsqu’ils broutent la végétation au sol. Les cerfs (Odocoileus) peuvent devenir une nuisance lorsque les populations migrent vers les zones urbaines et causent des dommages par leur alimentation dans des plantations ornementales, des jardins et des vergers. L’orignal (Alces alces L.) a causé des dommages à l’échelle du paysage aux arbres et aux arbustes sur l’île de Terre-Neuve (où il a été introduit il y a plus de 100 ans) parce que sa population n’est pas contrôlée en raison de l’absence de prédateurs. De même, le cerf de Virginie (O. virginianus [Zimmermann]) a été introduit sur l’île d’Anticosti, au Québec, et a également eu un effet dramatique sur les forêts et d’autres végétaux. Le bison des bois (Bison bison sous-espèce athabascae), et le bison des plaines (B. bison sous-espèce bison L.) se nourrit principalement d'herbes et de carex, mais il broute également les arbustes feuillus et les arbres feuillus en régénération.
Aire de répartition et espèces affectées
Au Canada, les ongulés qui causent des dommages aux arbres et aux arbustes forestiers sont principalement les cerfs, les wapitis et les orignaux, membres de la famille des Cervidés.
Le wapiti (Cervus canadensis Erxleben) a une aire de répartition plus limitée. Ses troupeaux se trouvent au Yukon, dans les montagnes Rocheuses en Colombie-Britannique et en Alberta (parcs près de Banff et Jasper). On trouve également de petits troupeaux au Manitoba et en Saskatchewan. Le wapiti a également été réintroduit à plusieurs endroits en Ontario (après avoir disparu à la fin des années 1800), produisant des populations qui persistent depuis plus de 20 ans. Le wapiti préfère manger des graminées et des plantes herbacées, mais il mange aussi des branches et des brindilles d'arbres feuillus et de conifères en hiver si la neige est trop épaisse pour trouver d'autres sources de nourriture.
Les cerfs sont les ongulés les plus prolifiques au Canada. Le cerf de Virginie vit dans les forêts et les arbustaies de chaque province et territoire. Le cerf mulet des montagnes Rocheuses (O. hemionus [Rafinesque] sous-espèce hemionus) a une aire de répartition plus petite qui chevauche celle du cerf de Virginie au Yukon, en Colombie-Britannique, en Alberta et dans l'ouest de la Saskatchewan. Deux autres sous-espèces d'O. hemionus sont présentes en Colombie-Britannique : (1) le cerf à queue noire de Colombie (sous-espèce columbianus [Richardson]) sur la côte sud et (2) le cerf de Sitka (sous-espèce sitkensis [Merriam]) sur la côte nord. Ils se nourrissent de toutes les espèces d'arbres, mais préfèrent les érables (Acer) et les peupliers (Populus).
L'orignal vit dans les zones boisées du Canada, à l'exception des régions côtières de la Colombie-Britannique. Il a été introduit sur l’île de Terre-Neuve il y a plus d'un siècle. L'orignal préfère le sapin baumier (Abies balsamea), le bouleau (Betula), l'érable, le peuplier, le cornouiller stolonifère (Cornus sericea) et les plantes qu'on trouve dans l'eau ou à proximité.
Le bison des bois et le bison des plaines sont des ongulés appartenant à la famille des bovidés que l'on trouve dans l'ouest du Canada. Les populations des deux sous-espèces sont faibles et très limitées, mais elles se nourrissent d'arbres feuillus et d'arbustes, particulièrement en hiver. Les bisons ont été impliqués dans la diminution de l'étendue des forêts-parcs à trembles dans l'écotone entre les prairies et les forêts continues des Prairies canadiennes avant que les populations ne diminuent précipitamment à la fin des années 1800.
Parties de l'arbre affectées
Troncs, branches, pousses, feuillage, jeunes arbres et semis
Symptômes et signes
Tous les ongulés laissent des signes similaires lorsqu’ils broutent des pousses et des petites branches, qui sont mâchées et arrachées, laissant une extrémité carrée, déchiquetée ou ébréchée. Ces signes sont différents des dommages causés par les lapins et les lièvres, qui laissent des coupures nettes et angulaires sur les branches, et des dommages causés par les campagnols sur l’écorce, qui ont une apparence « pelucheuse ». Les symptômes d’un broutage intensif et répété des ongulés sur plusieurs années sur les jeunes arbres et arbustes comprennent le rabougrissement, la prolifération des branches et des tiges courtes. Les semis d’arbres peuvent être complètement arrachés du sol pendant le broutage, et les orignaux peuvent arracher des jeunes arbres jusqu’à 3 mètres de hauteur pour brouter le feuillage et les rameaux, cassant ainsi leur sommet au passage.
Les cerfs, les wapitis et les orignaux laissent des zones d'écorce endommagées sur le tronc inférieur et les branches inférieures des arbres, soit en se nourrissant, soit en frottant leurs bois. L'écorce est arrachée pendant l'alimentation par le grattage vers le haut des incisives inférieures qui laissent deux rainures verticales parallèles. Les dommages causés par l'alimentation ne sont généralement pas assez importants pour que les arbres soient annelés. Les marques de dents des cerfs mesurent environ 4 millimètres de large, celles des wapitis 6 millimètres de large, et celles des orignaux 6 à 9 millimètres de large.
En automne, les cerfs, les wapitis et les orignaux mâles frottent leurs bois vers le haut sur l'écorce des jeunes arbres pour les polir et laisser des signes de leur présence aux femelles. Cela déchire l'écorce et les animaux plus gros cassent également des branches au cours de cette activité. Les blessures à l'écorce qui en résultent sont déchiquetées, avec quelques bandes d'écorce encore attachées aux points supérieurs. Certaines des blessures de polissage peuvent ressembler à des blessures causées par des griffes, mais les marques de griffes d'ours sont généralement formées par des mouvements vers le bas plutôt que vers le haut, avec des bandes d'écorce restantes attachées à la base.
Dommages
Les dommages causés par l'alimentation aux troncs, aux branches et aux rameaux des arbres sont plus importants pendant les mois d'hiver, lorsque les autres sources de nourriture se font rares. Les nouveaux peuplements d'arbres feuillus en régénération, en particulier le peuplier et le saule (Salix), sont particulièrement vulnérables aux orignaux qui les broutent, et les réduisent en souches de moins d'un mètre de hauteur.
Dans les zones urbaines où se trouvent de fortes populations de cerfs, les dommages causés par l'alimentation peuvent survenir toute l'année sur les arbres et arbustes ornementaux et fruitiers ainsi que sur les haies. De plus, dans les zones d'hivernage des cerfs et les zones forestières où les cerfs de Virginie sont très nombreux en été, la densité de la végétation du sous-étage peut être très faible en raison du broutage continu des arbustes ligneux et des plantes herbacées, ce qui entraîne la mort des plantes et/ou leur incapacité à se régénérer. Un broutage intense peut également entraîner des changements dans la composition des espèces, avec des proportions plus élevées d'espèces végétales qui ne sont pas appréciées par les cerfs par rapport aux espèces moins broutées.
Sur l’île de Terre-Neuve, le broutage intensif des orignaux a considérablement modifié les écosystèmes forestiers, les transformant dans certaines régions en landes arbustives ou en prairies et éliminant des espèces de conifères comme le sapin baumier. La consommation répétée des branches et des rameaux des jeunes arbres feuillus ralentit la fermeture de la canopée et réduit leur hauteur. Elle empêche également les arbres de fleurir et de produire des graines lorsque les nouvelles pousses sont rongées à plusieurs reprises. Le sapin baumier est un conifère apprécié et le broutage hivernal peut également ralentir la fermeture de la canopée ou tuer les jeunes arbres. Comme il n’y a pas de loups dans cette région, la population d’orignaux peut croître sans être contrôlée par son prédateur naturel.
Prévention et gestion
Les petites zones comme les vergers et les cours peuvent être protégées des cerfs par des clôtures grillagées d'au moins 2,4 mètres de haut ou par des clôtures électriques à cinq brins (le premier brin à 25 centimètres du sol et les autres à 30 centimètres d'intervalle). La plantation d'une autre source de nourriture à proximité, comme du blé d'hiver, peut détourner les ongulés de ces derniers des arbres, mais peut également les attirer dans la zone.
Dans certaines circonstances, le contrôle de la population par la chasse autorisée de certaines espèces (par exemple, l’orignal sur l’île de Terre-Neuve) est justifié pour protéger les écosystèmes contre les dommages.
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