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Rouille occidentale du pin et de l’aster

Renseignements généraux et importance

Coleosporium montanum est une rouille qui provoque des infections des aiguilles de pin et des infections foliaires sur ses hôtes alternatifs, principalement des espèces de la famille des Astéracées, notamment l'aster (Aster) et la verge d'or (Solidago). Elle fait partie du complexe d'espèces C. asterum, le concept plus étroitement défini de l'espèce étant limité aux populations japonaises de la rouille. La rouille provoque une défoliation mineure des pins hôtes, où elle s'établit de manière pérenne dans les infections des aiguilles pendant plusieurs années jusqu'à la chute de l'aiguille. Elle possède un très grand nombre d'hôtes alternatifs.

Aire de répartition et hôtes

Coleosporium montanum est endémique à l'Amérique du Nord et a été introduit en Asie et en Europe. Le pin tordu latifolié (Pinus contorta) et le pin ponderosa (P. ponderosa) sont des conifères hôtes connus. De nombreuses plantes herbacées abritent les stades urédiniens et téliaux de cette rouille, notamment l'aster (Aster), les plantes du genre Eurybia (anciennement membre du genre Aster), l’herbe à gomme (Grindelia), les plantes du genre Layia, les plantes du genre Oclemena (fleur ressemblant à l'aster), la verge d'or à feuilles graminée (Euthamia graminifolia), de nombreuses espèces de verges d'or et de nombreuses espèces d'asters américains (Symphyotrichum).

Parties de l'arbre affectées

Aiguilles de pin et feuillage d'aster, de verge d'or et de genres apparentés.

Symptômes et signes

Le feuillage des pins fortement infectés est parsemé de minuscules langues d’écidies blanches et délicates remplies de spores orange. Des spermogonies sont produites sur la face inférieure des aiguilles de pin plus vieilles (pas celles de l'année en cours), dispersées, en forme de cône aplati, et mesurant 0,3 à 0,5 millimètres sur 0,5 à 1,0 millimètres de diamètre et 0,5 millimètres de hauteur. Des écidies sortent de l'épiderme sur des taches jaunies sur toutes les surfaces des aiguilles sous forme de tubes aplatis latéralement, de 1,0 à 1,5 millimètres de haut sur 0,5 à 0,8 millimètres de large. Ces tubes sont entourés d'un péridium incolore délicat et remplis d'écidiospores jaune orangé. Les infections écidiennes pérennes produisent des bandes brunes sur l'aiguille. Les écidiospores sont oblongues, mesurent 32 à 45 micromètres de long sur 16 à 24 micromètres de large, et sont étroitement et grossièrement verruqueuses. Les urédinies de l'aster et de la verge d'or sont produites sur la face supérieure des feuilles, d'abord orange vif mais devenant presque incolores avec l'âge. Les urédiniospores sont de taille et de forme variables, mais la plupart du temps ellipsoïdes ou oblongues-ellipsoïdes, et verruqueuses avec des bâtonnets et des crêtes. Les télies sont produites sur la face inférieure des feuilles et sont arrondies, cireuses et rouge orangé. Les téliospores mesurent 50 à 120 micromètres sur 17 à 25 micromètres, se divisant en quatre cellules à l'intérieur pour former une baside interne mesurant 54 à 95 micromètres sur 14 à 27 micromètres avec une cellule basale stérile mesurant 11 à 28 micromètres de long. Chaque cellule basidienne produit une seule basidiospore par germination. L'espèce asiatique C. asterum diffère de C. montanum par l'absence de cellule stérile sous la baside.

Environ 15 espèces de Coleosporium provoquent la rouille des aiguilles du pin en Amérique du Nord, mais bon nombre de ces espèces se trouvent plus au sud des États-Unis, sur des espèces de pins qui ne sont pas indigènes au Canada. Les autres espèces de Coleosporium présentes au Canada ont des hôtes alternatifs différents, mais peuvent être confondues avec C. montanum lorsqu'elles sont présentes sur le pin (Pinus). Toutes les espèces de Coleosporium, à l'exception de C. montanum, sont plus largement collectées et signalées sur leurs hôtes autres que le pin, ce qui rend difficile la détermination de la gamme complète d'hôtes chez les conifères.

Coleosporium campanulae (Pers.) Tul. est présent dans l'ouest du Canada sur les campanules cultivées (Campanula), mais pas sur les pins. On le trouve sur le pin sylvestre (P. sylvestris), le pin gris (P. banksiana) et d'autres espèces dans l'est du Canada, aux États-Unis et en Europe. Des recherches taxonomiques sont nécessaires pour déterminer sa relation avec C. tussilaginis (Pers.) Lév. et d'autres espèces morphologiquement similaires.

Coleosporium delicatulum (Arthur & F. Kern) Hedgc. & Long produit des écidies sur les pins à 2 et 3 aiguilles. Les hôtes alternatifs sont les verges d’or à feuilles graminée (Euthamia). Il est présent dans l'est du Canada.

Coleosporium pinicola (Arthur) Arthur est une espèce autoïque (qui n'a pas d'hôte alternatif) qui pousse sur le pin gris et est présent en Ontario, au Québec et au Nouveau-Brunswick. Cette espèce produit des télies et des basides sur des aiguilles de pin jaunies âgées d’un an.

Coleosporium viburni Arthur attaque le pin gris et son hôte alternatif du genre Viburnum.

Cycle de la maladie

Coleosporium montanum est un parasite obligatoire (nécessitant un hôte vivant pour croître et se reproduire). Il est macrocyclique (possède cinq types de spores différents : spermogonies, écidiospores, urédiospores, téliospores et basidiospores) et hétéroïque (nécessitant une alternance entre deux espèces hôtes non apparentées à différents stades de leur cycle biologique pour le compléter entièrement). Il peut survivre de manière pérenne sur les deux hôtes. Les basidiospores transportées par le vent produites sur l'hôte alternatif infectent les aiguilles de pin d'âges divers de la fin de l'été au début de l'automne. Le mycélium de la rouille hiverne dans les aiguilles vivantes. Les aiguilles infectées restent asymptomatiques pendant l'été mais développent des taches jaunes en hiver et au début du printemps. Les spermogonies se développent dans les taches jaunes au printemps. Les spermaties sont extrudées des spermogonies dans un liquide sucré attrayant pour les insectes, qui propagent les spermaties à d'autres spermogonies, facilitant ainsi la recombinaison sexuelle. Les écidies se développent ensuite et percent l'épiderme pour libérer les écidiospores. Les écidies disparaissent à la fin de l'été, laissant un petit cratère ou une cicatrice dans une bande de tissu brun dans une aiguille attachée encore verte ou légèrement jaunie. Les écidies sont transportées par le vent et celles qui atterrissent sur l'hôte alternatif germent et l’infectent, produisant d'abord des pustules urédinales orange sur la face inférieure des feuilles. Les urédiospores sont libérées et infectent les hôtes alternatifs adjacents, qui à leur tour produisent plus d'urédinies, augmentant ainsi les niveaux d'infection. La production d'urédinies continue jusqu'à la fin de l'été et au début de l'automne lorsque les télies commencent à se développer sous l'épiderme parmi les urédinies. La rouille peut hiverner dans les urédinies sur les hôtes pérennes. Les téliospores produites dans les télies germent sans période de repos pour produire des basides et des basidiospores, qui sont propagées par le vent vers le pin hôte. Les cicatrices des écidies sur les aiguilles de pin feront repousser les écidies au même endroit pendant plusieurs années.

Dommages

Les infections graves de la rouille des aiguilles sur les jeunes pins en pépinière peuvent parfois entraîner une réduction de la croissance, mais elles ne causent pas de dommages importants dans les forêts naturelles. Des infections graves occasionnelles provoquent une chute prématurée des aiguilles, en particulier sur les branches inférieures des jeunes arbres. Les infections entraînant la mort de l'arbre entier sont rares, car les aiguilles de l'année en cours ne sont pas affectées avant la fin de l'automne, une fois la saison de croissance terminée. Des années consécutives d'infection, accompagnées d'un stress supplémentaire, comme la sécheresse, peuvent entraîner une perte de vigueur, une perte de croissance et la mort de l'arbre entier. Les arbres moins vigoureux sont plus vulnérables aux attaques d'autres insectes et maladies, comme les scolytes (Ips) et la maladie des racines causée par Armillaria ostoyae (Romagn.) Herink.

Prévention et répression

Des pépinières ne devraient pas être établies là où les hôtes alternatifs poussent en abondance, et les semis infectés ne devraient pas être transplantés à partir d'autres pépinières. Les plantes hôtes alternatives, l'aster (Aster) et la verge d'or, doivent être retirées dans un rayon de 300 mètres des semis de pin, idéalement avant la fin de l'été, lorsque les plantes infectées commencent à libérer des basidiospores.

Des protections sous forme d’arbres plus grands et non vulnérables autour d’une pépinière ou d’une jeune plantation aideront à intercepter les spores et à modifier les courants d’air afin que moins de spores provenant des hôtes alternatifs atteignent les semis de pin.

La défoliation sur plusieurs années consécutives peut réduire la valeur marchande des arbres destinés à la production d'arbres de Noël et d'arbres ornementaux. Dans ces cas, l'application d'un fongicide homologué pour lutter contre cette rouille des aiguilles du pin peut être justifiée. L'élimination de tout hôte alternatif à moins de 300 mètres des plantations de pins devrait également assurer un certain niveau de lutte. Les pesticides homologués pour une utilisation contre C. montanum dans des situations particulières peuvent changer d'une année à l'autre. Ainsi, pour connaître les produits actuellement homologués et pour obtenir des renseignements quant à leur usage contre ce pathogène, veuillez consulter la base de données Information sur les produits antiparasitaires de Santé Canada. Tout produit homologué devrait être appliqué en fonction de la taille de la population et seulement lorsque nécessaire et au stade de vie indiqué. Il est recommandé également de consulter un professionnel local en arboriculture. Les pesticides peuvent être toxiques pour les humains, les animaux, les oiseaux, les poissons et les insectes utiles. Veuillez, par conséquent, appliquer les produits homologués uniquement en cas de besoin et conformément aux indications inscrites sur l’étiquette du fabricant. Dans certaines juridictions et certaines situations, seul un professionnel autorisé peut appliquer des pesticides. Il est recommandé de consulter les autorités locales compétentes pour déterminer les réglementations locales en vigueur.

Les colonies peuvent être éliminées à la main sur des arbres individuels plus petits dans des aménagements paysagers.

Les stratégies de répression d’un ravageur particulier varient suivant plusieurs facteurs, notamment :

L’acquisition d’information sur chacun de ces facteurs est nécessaire aux prises de décisions relatives à l’application de l’une ou l’autre des stratégies de lutte contre un ravageur. Ces facteurs devront être soigneusement mis en balance par rapport aux coûts et avantages avant qu’on entreprenne toute action contre un ravageur particulier.

Photos

Rouille sur aiguilles
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Bibliographie sélective

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Citer cette fiche

Callan, B.E. 2025. Rouille occidentale du pin et de l’aster. Dans J.P. Brandt, B.I. Daigle, J.-L. St-Germain, A.C. Skinner, B.C. Callan et V.G. Nealis, éditeurs. Arbres, insectes, acariens et maladies des forêts du Canada. Ressources naturelles Canada, Service canadien des forêts, Administration centrale. Ottawa, Ontario.