Dommages causés par les castors
Cause et renseignements généraux
Le castor (Castor canadensis Kuhl) est le plus gros rongeur du Canada et il est présent dans les zones forestières de tout le pays. Cet animal a eu une influence considérable sur l'histoire du Canada. Il coupe de jeunes arbres et des petits arbres pour se nourrir et les utilise pour construire des barrages et des huttes. Les dommages causés par le castor ne se limitent pas aux arbres qu'il coupe, car les inondations causées par la construction de barrages peuvent endommager ou tuer les forêts adjacentes en amont des barrages. Cependant, le castor joue également un rôle écologique important en modifiant les cours d'eau et les zones riveraines au profit d'autres animaux et de l'environnement en général.
Aire de répartition et espèces affectées
Les castors vivent dans les zones boisées près des cours d'eau dans toutes les provinces et territoires du Canada, et leur aire de répartition s'étend au nord jusqu'à la limite des arbres. On les retrouve également dans tout le territoire continental des États-Unis, y compris en Alaska. Leur principale source de nourriture est l'écorce des arbres feuillus, en particulier les peupliers (Populus), les aulnes (Alnus), les bouleaux (Betula) et les saules (Salix). N'importe quel arbre, y compris les conifères, peut être abattu pour construire des barrages et des huttes, s'il se trouve à proximité.
Parties de l'arbre affectées
Troncs et branches, notamment d'arbres feuillus.
Symptômes et signes
Les dommages causés par les castors sont très particuliers. Les troncs d'arbres mesurant jusqu'à 40 centimètres de diamètre peuvent être rongés sur toute leur circonférence jusqu'à ce qu'il ne reste suffisamment de matière pour soutenir l'arbre et qu'il tombe. Les arbres abattus laissent derrière eux une souche à l'extrémité conique, striée de marques de dents et entourée de copeaux de bois. Les branches coupées pour la nourriture sont retirées de l'arbre abattu par des coupes angulaires, et des traces boueuses indiquent où elles ont été traînées par les castors jusqu'à une étendue d'eau voisine. Les branches utilisées pour l’alimentation sont stockées dans une cache sous l'eau près de la hutte, une structure contenant la tanière du castor. Les branches et les tiges plus petites, qui sont coupées en segments courts pour faciliter leur transport, sont utilisées pour la construction de barrages et de huttes. Les arbres sont généralement coupés à moins de 50 mètres du bord de l'eau. La plupart des arbres sont coupés à proximité des caches de nourriture et les chantiers de construction se trouvent au maximum à 800 mètres en amont et 300 mètres en aval. En eau tranquille, la plupart des activités se déroulent à moins de 600 mètres des caches. Le sol boueux rend le déplacement de matériel plus facile. Les castors persistent dans une zone jusqu'à ce que les réserves de peupliers, puis de saules, soient épuisées, se déplaçant parfois en aussi peu que 10 ans après l'établissement de la colonie.
Dans les habitats où il y a de l’eau courante, l’activité des castors sera plus importante en amont, car il est plus facile de déplacer des branches et des tiges avec le mouvement de l’eau.
Outre les barrages, les inondations et les arbres tombés, les signes de la présence de castors dans les environs comprennent des monticules odorants, qui sont des amas de boue sur les sentiers recouverts d'une huile musquée (castoreum) sécrétée par deux glandes situées sous la queue. Des traces sont visibles dans la neige et sur un sol boueux. Les empreintes des pattes avant sont à cinq doigts avec des marques de griffes aux extrémités, et les empreintes des pattes arrière sont triangulaires, avec de faibles traces de palmures entre les empreintes des doigts.
Dommages
Chaque castor adulte coupe en moyenne 216 arbres par an. Environ un demi-hectare de peupliers peut nourrir un castor pendant un an, selon la taille et la densité des arbres. Ce sont des récolteurs gaspilleurs, utilisant moins de la moitié de l'écorce des plus gros rondins pour se nourrir. Les jeunes plantations de peupliers hybrides situées près des cours d'eau peuvent être gravement endommagées par les castors qui mâchent des fouets (tiges plantées pour la propagation végétative) et coupent les jeunes arbres. L'inondation des terres boisées près des barrages de castors peut entraîner la mort des arbres.
L’impact économique de la perte d’arbres est éclipsé par les millions de dollars dépensés chaque année en réparations des terres agricoles et des infrastructures urbaines en raison des inondations causées par les barrages de castors.
Malgré les dommages qu’ils causent, les castors ont également des effets positifs sur l’environnement des écosystèmes canadiens. Leurs activités de construction de barrages contribuent à stabiliser les bassins hydrographiques, à améliorer la qualité de l’eau et à créer des habitats pour d’autres espèces animales qui dépendent des milieux aquatiques.
Prévention et gestion
Seuls les trappeurs agréés sont autorisés à tuer des castors. Dans les régions où les castors causent de graves dommages, une élimination bien planifiée d'une partie de la population par piégeage peut réduire les dommages indésirables. Le contrôle de la population ralentit le prélèvement d’arbres par les castors, ce qui facilite une meilleure récupération de la végétation le long des cours d'eau.
Lorsque les castors envahissent les zones urbaines, il est possible d’éviter d’endommager les arbres près des cours d’eau en les entourant d’un collier de clôture en fil de fer d’une hauteur de 1,2 mètre. L’enlèvement d’un barrage n’est légal que pour les détenteurs d’un permis de piégeage. Les castors sont attirés par le bruit de l’eau qui coule, donc l’enlèvement d’un barrage les incite à le réparer. La rupture de grands barrages entraînant une inondation soudaine d’eau et de débris en aval pourrait également enfreindre les règlements de la Loi sur les pêches du Canada et de diverses lois provinciales sur l’eau.
Le piégeage et le déplacement des castors vivants peuvent résoudre temporairement les problèmes liés aux castors, mais certaines provinces ont des règlements sur la distance à laquelle les castors peuvent être déplacés. Par exemple, en Ontario, les castors ne peuvent être déplacés que sur une distance d'un kilomètre et doivent l'être dans les 24 heures suivant leur capture.
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