Sélection de la langue

Recherche


Puceron à galle conique de l'épinette

Renseignements généraux et importance

Les pucerons du genre Adelges représentent un groupe d’insectes de petite taille (les adultes font moins de 2 millimètres) dont le corps mou et piriforme s’apparente aux autres pucerons. Ils tirent leur alimentation des conifères de la famille des Pinacea (pin [Pinus], épinette [Picea], sapin [Abies], pruche [Tsuga], mélèze [Larix] et douglas vert [Pseudotsuga menziesii]) présents dans les forêts boréales et tempérées de l’Amérique du Nord et de l’Eurasie. Quand ils s’alimentent, les pucerons exsudent une matière floconneuse blanche cireuse. Plusieurs espèces de pucerons originaires de l’Europe et de l'Asie introduites accidentellement en Amérique du Nord sont depuis devenues des ravageurs forestiers.

Les pucerons ont un cycle de vie complexe. Chez certains, le cycle de reproduction peut s’étaler sur deux ans. Dans la première année, les pucerons se reproduisent de manière sexuée sur un hôte primaire (généralement une épinette) avant de se disperser pour se reproduire, dans la deuxième année, de manière asexuée sur un hôte secondaire d’un genre de conifère différent de l’hôte primaire. Après quoi, cette nouvelle génération retourne sur l’hôte primaire pour recommencer le cycle. Il y a aussi un cycle de reproduction d’un an qui n’est qu’asexuée et qui n’a lieu que sur l’hôte secondaire. Ce cycle peut se poursuivre sur plusieurs générations. Les nymphes nouvellement écloses sont dites « mobiles »; souvent, c’est le seul stade actif du cycle de la vie du puceron. Une fois installée dans un emplacement d’alimentation, la nymphe du puceron y demeure tout son cycle de vie. À tous les stades du cycle de sa vie, le puceron se nourrit de cette façon : il insère son rostre (stylet) dans les tissus de l’arbre, injecte de la salive puis aspire la nourriture. Sur les hôtes primaires, l’activité d’alimentation induit la formation de galles. Sur les hôtes secondaires, elle provoque la déformation et la perte éventuelle des aiguilles, des rameaux et/ou des tiges à proximité du site d’alimentation. Dans tous les cas, l’alimentation des pucerons nuit au bon fonctionnement de l’arbre.

Le puceron à galle conique de l’épinette est originaire de l’Europe. Il aurait été vraisemblablement introduit en Amérique du Nord au cours du 19e siècle. Au Canada, on a observé que le puceron se nourrissait de toutes les espèces d’épinettes des forêts nordiques depuis la côte de l’Atlantique à celle du Pacifique. On appelle parfois « pseudocônes » les galles que le puceron produit sur les épinettes, par allusion à leur ressemblance aux vrais cônes de l’épinette, mais sont beaucoup plus petites (de 1,5 à 3 centimètres). Le nom commun anglais de « puceron à galle d’ananas » évoque la forme de la galle qui ressemble à un ananas en miniature.

Aire de répartition et hôtes

Au Canada, on trouve le puceron à galle conique depuis la côte de l’Atlantique jusqu’à celle du Pacifique, mais il demeure plus commun dans les forêts de l’est du Canada. Il est établi dans la région des Appalaches aux États-Unis, du Tennessee au Maine, de même que dans endroits très localisés dans les États du Centre et de l’Ouest adjacents au Canada. On a répertorié le puceron à galle conique sur toutes les espèces d’épinettes au Canada. Cependant, le gros des dommages s’observe surtout sur une épinette introduite, l’épinette de Norvège (Picea abies) et sur l’épinette blanche (P. glauca), de même que sur l’épinette de Sitka (P. sitchensis) dans l’Ouest canadien.

Parties de l'arbre affectées

Les galles se forment à partir de gonflements à la base des aiguilles. Les pousses peuvent continuer à croître au-delà de la position de la galle sur le rameau.

Symptômes et signes

En raison de leur taille minuscule, les pucerons sont difficiles à voir à l’œil nu. La substance floconneuse blanche cireuse qu’ils sécrètent aux différents stades au cours desquels ils s’alimentent constitue généralement la première indication de leur présence. En Amérique du Nord, le puceron à galle conique de l’épinette forme sur leur hôte primaire de petites galles (1,5 à 3 centimètres) en forme d’ananas miniatures. Ces galles présentent le caractère diagnostique le plus facile à observer chez cette espèce.

Cycle de vie

Le puceron à galle conique de l’épinette se distingue des autres pucerons car il a un stade de vie d’un an sans stade sexué sur son hôte primaire, l’épinette. Dans son aire d’introduction en Amérique du Nord, on ne répertorie aucun mâle et on ne lui connaît aucun hôte secondaire. Toute reproduction est asexuée (par parthénogenèse). Rendu au stade de primogyne ou de « mère fondatrice », le puceron s’attache à la base d’un bourgeon sur un rameau pour hiverner. Au printemps, une fois devenues matures, les primogynes pondent leurs œufs entourés d’une couche cireuse. Les nymphes nouvellement écloses s’installent à la base des aiguilles, qui se trouvent déjà gonflées sous l’effet de l’activité d’alimentation précédente des primogynes. À mesure qu’elles s’alimentent, les nymphes induisent la formation de galles, qui peuvent éventuellement contenir jusqu’à 12 nymphes chacune. Quand, à la fin de l’été, les nymphes ont complété leur développement, elles quittent les galles desséchées et développent des ailes. Cependant, leur faible capacité de voler les force habituellement à rester sur le même arbre sur lequel elles pondront éventuellement leurs œufs. La nouvelle génération de mères fondatrices qui en résultera marquera l’achèvement du cycle.  

Dommages

Les galles formées par le puceron à galle conique de l’épinette constituent le principal type de dommages. Il peut y avoir du dépérissement en cas de populations élevées. Par ailleurs, la présence d’une grande quantité de galles rend inesthétiques les épinettes d’ornement ou les arbres de Noël. La décoloration des aiguilles et la déformation des pousses contribuent aussi à la réduction de la valeur d’agrément. Il y a peu de mortalité, car les galles n’empêchent pas les arbres de continuer de croître, même sur les pousses infestées.

Prévention et répression

Les stratégies de répression d’un ravageur particulier varient suivant plusieurs facteurs, notamment : 

L’acquisition d’information sur chacun de ces facteurs est nécessaire aux prises de décisions relatives à l’application de l’une ou l’autre des stratégies de lutte contre un ravageur. Ces facteurs devront être soigneusement mis en balance par rapport aux coûts et avantages avant qu’on entreprenne toute action contre un ravageur particulier.

L’élagage et la destruction des galles encore vertes, du moins avant que les pucerons adultes en émergent, se révèlent des pratiques efficaces dans les pépinières lorsque les populations ne sont pas trop élevées et que le nombre d’arbres hôtes affectés est relativement faible. La présence et la densité du puceron à galle conique de l’épinette n’ont pas diminué de façon considérable avec l’application de programme de lutte biologique.

L’application d’insecticides dans les forêts n’est pas justifiée. Un traitement d’insecticides peut être justifié en cas d’infestation grave dans un verger à graines d’épinettes, une plantation d’arbres de Noël ou d’arbres d’ornement. Les pesticides homologués utilisés contre le puceron à galle conique de l’épinette dans des situations particulières peuvent changer d’une année à l’autre. Ainsi, pour connaître les produits actuellement homologués et pour obtenir des renseignements quant à leur usage contre ce ravageur, veuillez consulter la base de données Information sur les produits antiparasitaires de Santé Canada. Tout produit homologué devrait être appliqué en fonction de la taille de la population et seulement lorsque nécessaire et au stade de vie indiqué. Il est recommandé également de consulter un professionnel local en arboriculture. Les pesticides peuvent être toxiques pour les humains, les animaux, les oiseaux, les poissons et d’autres insectes utiles. Veuillez, par conséquent, appliquer les produits homologués uniquement en cas de besoin et conformément aux indications inscrites sur l’étiquette du fabricant. Dans certaines juridictions et dans certaines situations, seul un professionnel autorisé peut appliquer des pesticides. Il est recommandé de consulter les autorités compétentes pour connaître les réglementations locales en vigueur.

Photos

Une masse d’œufs du puceron à galle conique de l'épinette déposée à la base des aiguilles et protégée par une floculation blanche et cireuse.
Coupe transversale d'une jeune galle coupée en deux, révélant les chambres intérieures où se nourrissent les pucerons immatures.
Gros plan d'un puceron à galle conique de l'épinette adulte, ailes repliées.
Gros plan d’un puceron à galle conique de l'épinette adulte, ailes déployées.
Une galle en forme d'ananas en développement causée par le puceron à galle conique de l'épinette sur une nouvelle pousse d'épinette blanche.
Masses d'œufs du puceron à galle conique de l'épinette déposées à la base des aiguilles, mais avec une partie de la floculation cireuse et soyeuse protectrice retirée d'une masse d'œufs pour révéler les œufs.
Loges d'une galle sur une épinette blanche qui se sont ouvertes pour permettre aux pucerons à galle conique de l'épinette adultes d'émerger. Plusieurs adultes sont visibles près de la galle.
Vieilles galles causées par le puceron à galle conique de l'épinette qui ont commencé à sécher et à se décolorer.
Nouvelles pousses d’épinette blanche portant des galles en développement causées par le puceron à galle conique de l'épinette.
Branche d’épinette blanche portant plusieurs vieilles galles sèches causées par le puceron à galle conique de l'épinette.
Développement d'une galle sur une pousse d'épinette de Norvège causée au début de la saison de croissance par le puceron à galle conique de l'épinette.
Développement d'une galle sur une pousse d'épinette blanche causée au début de la saison de croissance par le puceron à galle conique de l'épinette.
Une vieille galle sèche causée par le puceron à galle conique de l'épinette. Notez que le rameau au-delà de la galle est également mort.

Références sélectionnées

Duncan, R.W. 1996. Common woolly aphids and adelgids of conifers. Centre de foresterie du Pacifique. Victoria, Colombie-Britannique. Forest Pest Leaflet 19. 8 p. https://ostrnrcan-dostrncan.canada.ca/entities/publication/9d25485b-a4d9-4b1b-bdf5-2a12441a63ed?fromSearchPage=true

Havel, N.P. et Foottit, R.G. 2007. Biology and evolution of Adelgidae. Annual Review of Entomology, 52, 325-349. https://doi.org/10.1146/annurev.ento.52.110405.091303

Rose, A.H. et Lindquist, O.H. 1994. Insects of eastern spruces, fir and hemlock. Service canadien des forêts, bureau central, Direction des sciences. Ottawa, Ontario. Forestry Technical Report 23. 159 p.  https://publications.gc.ca/site/fra/475309/publication.html

Smith, C.C. et Newell, W.R. 1972. Eastern spruce gall aphid. Environnement Canada, Service canadien des forêts, Centre de recherches forestières des Maritimes. Fredericton, Nouveau-Brunswick. Pest Leaflets.

Citer cette fiche

Nealis, V.G. 2024. Puceron à galle conique de l'épinette. Dans J.P. Brandt, B.I. Daigle, J.-L. St-Germain, A.C. Skinner, B.C. Callan et V.G. Nealis, éditeurs. Arbres, insectes, acariens et maladies des forêts du Canada. Ressources naturelles Canada, Service canadien des forêts, Administration centrale. Ottawa, Ontario.