Charançon du pin blanc
Description
Distribution
Partout au Canada
Espèce indigène en Amérique du Nord, le charançon du pin blanc est répandu sur toute l’aire de distribution occupée par le pin blanc dans l'est du Canada. L'insecte occupe également l'aire de distribution des différentes espèces d'épinette dans l'Ouest canadien. Cet insecte a été décrit pour la première fois en 1817 par W.D. Peck, professeur à la Harvard University.
Micro-habitat(s)
Bourgeon, Rameau, Flèche
Dommages, symptômes et biologie
Dommages et symptômes
Répertorié pour la première fois au début du siècle dernier dans l’est du Canada, les dommages ont varié suivant les régions et l’insecte est devenu très commun à cause de l’augmentation du nombre de plantations et de l’absence de contrôle. Des infestations sont depuis signalées régulièrement et l’insecte est sous la surveillance des ministères provinciaux.
Le dommage est causé principalement par les larves du charançon du pin blanc qui se nourrissent sous l’écorce de la flèche terminale de l’arbre. Les trous d’alimentation pratiqués par l’adulte du charançon peuvent aussi endommager la flèche.
Au printemps, l'écoulement de résine par les petites morsures d'alimentation (0,5 - 1 mm) constitue le premier symptôme d'une attaque par le charançon. On détecte facilement la présence de l’insecte par l’apparence flétrie et courbée de la pousse terminale de l’année courante. Le dommage ressemble à une houlette de berger. La tige annuelle ainsi affectée est détruite et ce phénomène est visible généralement dès la fin du mois de juin. Un examen minutieux de la tige révèle aussi la présence de petits trous d'oviposition recouverts de déjections noirâtres, habituellement près du sommet de la flèche terminale de l'année précédente.
Le charançon du pin blanc cause rarement la mort de l’arbre. Lors d’épidémies, le dommage combiné des adultes et des larves se traduisent par une diminution de croissance et, le plus souvent, par la perte totale de la pousse terminale de l’année précédente en même temps que celle de l’année en cours. Chez le pin blanc, les dommages ainsi répétés annuellement affectent la qualité du bois des arbres infestés et réduisent parfois jusqu’à 60 % leur volume en bois marchand. Par contre, chez l’épinette de Norvège, les études démontrent un impact parfois négligeable sur la productivité volumique lorsque l’arbre atteint une taille commerciale. Les arbres d’ornement perdent également de leur valeur esthétique.
Biologie
Le charançon du pin blanc n’a qu’une génération par année, mais l’adulte peut vivre et pondre pendant plusieurs années. Les adultes hibernent dans la litière forestière et, au début du printemps, ils s’activent généralement dès que la température se situe entre 2 et 4 oC. Ils grimpent alors le long des troncs des arbres-hôtes avoisinants jusqu’à la tige terminale et se nourrissent avant de s’accoupler. Par temps chaud et ensoleillé, la dispersion de l'insecte s'effectue également au vol. Les œufs sont déposés dans les trous d’alimentation que la femelle enfonce avec son rostre. Dès l’éclosion, qui survient environ 10 jours suivant la ponte, les larves creusent sous l’écorce et dévorent le cortex (écorce interne). À la fin de leur développement, les larves creusent dans la moelle, ou directement sous l’écorce, leur cellule nymphale formée de brindilles de bois déchiqueté.
Pour émerger de la flèche attaquée, les adultes percent des trous circulaires au travers de l’écorce et restent sur les arbres-hôtes pour se nourrir jusqu’à ce que les froids de l’automne les incitent à descendre au sol pour y passer l’hiver.
Cycle biologique (à l'est des Rocheuses)
Stade/Mois | J | F | M | A | M | J | J | A | S | O | N | D |
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Oeuf | ||||||||||||
Larve | ||||||||||||
Pupe | ||||||||||||
Adulte |
Autres informations
Détection et moyens de lutte
Dans le cas de jeunes plantations, il faut inspecter annuellement les arbres qui ont atteint 1 m de hauteur afin de détecter rapidement les infestations. La détection précoce est encore le moyen le plus efficace pour empêcher la pullulation du charançon du pin blanc. Les plantations sur des sites inadéquats sont les plus susceptibles aux attaques de l’insecte.
La lutte contre ce charançon, par la taille et par l’élimination des pousses terminales attaquées, est maintenant une méthode connue et de plus en plus répandue dans les plantations privées et s’avère très efficace pour les arbres d’ornement. La taille s’effectue alors que les larves sont encore en activité sous l’écorce et avant l’émergence de la nouvelle génération d’adultes. Il faut couper la tête des arbres infestés dès que les houppes sont visibles, au moment où les framboises sauvages arrivent à maturité, ce qui survient habituellement vers la mi-juillet.
La taille d’une pousse terminale attaquée consiste à rabattre cette pousse jusqu’au niveau du verticille inférieur. Cependant, les pousses latérales du précédent verticille se font concurrence pour reprendre la dominance apicale et c’est l’année suivante qu’il faudra corriger l’aspect esthétique de l’arbre par une taille appropriée.
Outils d'identification et de diagnostic
Épidémiologie du charançon
Lorsque les conditions de l'habitat sont favorables au charançon, l'élimination de l'étage supérieur par un facteur naturel (incendie, vent, scolyte) ou une activité humaine (exploitation forestière) entraîne souvent l'apparition d'infestations dans les peuplements en régénération de pin ou d'épinette.
Au début, seuls quelques arbres sont attaqués, mais par la suite, le taux d'infestation atteint rapidement 20 à 50 % chaque année. Cette hausse rapide du taux d'attaque durant la phase initiale de l'infestation est due à l'abondance des arbres convenant au ravageur et au fait que de nombreuses attaques entraînent la formation de flèches multiples. L'augmentation du nombre de flèches fournit au charançon un plus grand nombre de sites d'oviposition et un volume de nourriture plus abondant. Cette période d'invasion initiale est suivie d'une diminution du taux d'attaque. Le pourcentage d'arbres attaqués chaque année se stabilise alors à un niveau relativement élevé, les effectifs du ravageur fluctuant par la suite d'année en année sous l'action variable des facteurs de mortalité, en particulier les conditions météorologiques, les ennemis naturels, la surpopulation larvaire, etc. Cette phase de stabilité, qui peut se prolonger sur 10 à 20 ans, résulte de l'équilibre qui s'établit entre la population du charançon et le nombre de flèches attaquables. Lorsque la plantation atteint l'âge de 30 à 40 ans, les effectifs du ravageur commencent graduellement à décliner, et le taux d'attaque chute à environ 5 % par année. L'évolution des infestations peut différer en fonction des espèces hôtes et des régions.
Facteurs de mortalité naturelle
L'abondance du charançon du pin blanc est liée à l'action de différents facteurs de mortalité sur les oeufs, les larves, les nymphes et les adultes. Au départ, un certain pourcentage des oeufs est tué par la résine. Cette résine est produite par les canaux résinifères, structures spéciales situées dans l'écorce de la flèche terminale. Les arbres produisent également un type de résine spécial (résine traumatique) en réaction aux lésions causées par les adultes et les larves. Le charançon doit pondre suffisamment d'oeufs pour vaincre ce mécanisme de défense de l'hôte et former un « anneau d'alimentation » afin d'anneler la flèche. Toutefois, la ponte d'un nombre d'oeufs excessif entraîne une forte compétition au niveau larvaire et, en conséquence, une élévation des taux de mortalité. D'autres agents de lutte biologique, comme les prédateurs et les parasitoïdes, sont également un facteur de mortalité important. En été, la prédation exercée par les larves du diptère Lonchaea corticis peut entraîner l'élimination de jusqu'à 85 % des individus formant la nouvelle génération.
La mortalité hivernale est considérée comme l'un des principaux facteurs responsables de la réduction des populations du charançon dans les plantations de pin blanc. Une mortalité hivernale associée à la mauvaise qualité de la litière et à la prédation au sol a également été observée dans les plantations de pin gris.
Publications du Service canadien des forêts
Informations sur les hôtes
Bien que l’insecte se retrouve naturellement dans nos forêts, dans l’est du Canada, il est considéré comme étant le plus important ravageur des plantations de pin blanc, de pin gris et d’épinette de Norvège et peut représenter un obstacle important à la croissance des jeunes arbres. En Colombie-Britannique, il limite la régénération de l'épinette de Sitka, de l’épinette blanche et de l’épinette d’Engelmann et on le considère comme un ravageur important de la plupart des autres espèces d'épinette.
Hôte(s) principal(aux)
Épinette blanche, Épinette d'Engelmann, Épinette de Sitka, pin blanc, pin gris
Hôte(s) secondaire(s)
épinette de Norvège, épinette du Colorado, pin sylvestre